Mercredi, le gouvernement Cîțu a été renversé suite à une motion de censure émise par le PSD, 281 parlementaires ayant voté en sa faveur, le score le plus élevé jamais enregistré contre un exécutif. Point de vue sur cette crise depuis l’étranger avec Alin Fumurescu, professeur de sciences politiques à l’université de Houston (Texas, États-Unis) …
Quel est le scénario le plus probable suite au renversement du gouvernement ? Et comment voyez-vous l’avenir d’USR ?
Dans la Roumanie d’aujourd’hui, toute prédiction est presque impossible. Cependant, j’en risquerai une ; le scénario le plus probable est celui d’un gouvernement minoritaire, mais avec un autre Premier ministre. Je ne pense pas que Florin Cîțu puisse rester à la tête du gouvernement, il faut trouver quelqu’un capable de calmer l’orgueil de tous les partis. Car, malheureusement, nous en sommes arrivés là surtout à cause de notre fierté. Nous sommes trop dans l’émotion pour être de bons politiciens. Quant à USR, je ne sais pas si quitter le gouvernement était une stratégie ou simplement une question de principe, comme l’affirme Dacian Cioloş. En fin de compte, USR a surtout exprimé sa volonté de reconstruire la coalition avec un autre Premier ministre. Concernant l’avenir de ce parti, je suis porté à croire que son poids politique va augmenter à moyen et long terme. L’élection de Dacian Cioloş – en tant que nouveau président du parti, ndlr – accélèrera le processus de clarification idéologique, l’une des faiblesses de cette formation.
Des élections anticipées sont-elles envisageables – les prochaines sont prévues en 2024, ndlr – ? Et un retour au pouvoir du PSD avec l’aide d’AUR est-il possible ?
C’est bien sûr envisageable, d’ailleurs aucun scénario, aussi aberrant soit-il, ne me paraît impossible dans cette conjoncture. Vu de loin, et je suis bien désolé de le dire, la scène politique roumaine semble être, à cette heure, une véritable « Nef des fous ». Quant au PSD, il a évidemment l’espoir de revenir au pouvoir, d’où son insistance à forcer des élections anticipées. Une légère hausse du score du PSD cumulée à celle d’AUR, qui bénéficie d’une certaine popularité suite à sa campagne anti-vaccination, suffirait effectivement à assurer la majorité. De plus, des décisions désagréables et douloureuses liées à la hausse des prix du gaz et de l’électricité auront déjà été prises. Par ailleurs, ceux qui seront au pouvoir l’année prochaine auront la tâche beaucoup plus agréable de gérer l’argent européen.
Comment jugez-vous l’attitude du président Klaus Iohannis dans le contexte de cette crise ?
Le président a échoué à son examen, pour reprendre un terme qu’il aime utiliser. Klaus Iohannis a toujours soutenu Florin Cîțu depuis le début de la crise, et honnêtement, je ne comprends pas pourquoi. Depuis quand Florin Cîțu est-il devenu si important que sa carrière est plus cruciale que le destin de tout un pays ? Il n’est ni Winston Churchill, ni Angela Merkel. Le président Iohannis a appelé les partis politiques à mûrir leur décision avant les consultations de la semaine prochaine. En réponse, je lui recommanderais de faire la même proposition devant un miroir.
Propos recueillis par Carmen Constantin.
À lire ou à relire, nos précédents entretiens sur la situation politique en Roumanie dans les éditions du 25 et du 11 septembre : https://regard.ro/cristian-pirvulescu/ – https://regard.ro/sebastian-lazaroiu-2/