Entretien réalisé le vendredi 12 mai dans l’après-midi, par téléphone et en roumain.
Pr. Marius Taloș est à la tête du Service jésuite des réfugiés de Roumanie (JRS Romania) depuis 2013. Il explique ici en quoi consiste son soutien proposé aux réfugiés et demandeurs d’asile…
Quelles sont les actions du JRS Roumanie vis-à-vis des réfugiés ukrainiens mais aussi d’autres nationalités ?
Créé en 2000 par le Père Luc Duquenne, le JRS Roumanie accompagne les réfugiés et les demandeurs d’asile quelle que soit leur religion ou leur nationalité. Nous les accueillons dans nos centres ouverts à travers l’ensemble du pays, dont les plus importants sont à Bucarest, Galați et Constanța. Depuis le début de la guerre en Ukraine, nous avons aidé plus de 12 000 réfugiés ukrainiens. On leur a offert un hébergement, de l’assistance juridique et sociale, un soutien financier pour les médicaments, des activités culturelle et éducationnelle, la possibilité de trouver un emploi ou encore de faire inscrire leurs enfants à l’école. Le JRS intervient aussi dans les centres pour demandeurs d’asile et accueille les réfugiés qui, souvent, n’obtiennent pas de statut de séjour adéquat et sont seulement tolérés. La plupart d’entre eux viennent du Moyen Orient et d’Asie du Sud-Est. Il y a aussi la catégorie des réfugiés dits économiques. Originaires pour la plupart d’Inde, du Pakistan ou d’Afghanistan, ils arrivent en Roumanie pour trouver du travail.
Quels liens entretenez-vous avec les autres associations humanitaires de Roumanie et les autorités ?
Nous avons une collaboration de longue date avec l’Inspection générale de l’immigration, la Police aux frontières ou encore l’Autorité pour la protection de l’enfance. Et nous sommes actuellement en relation étroite avec les Inspections scolaires pour accompagner 2000 enfants ukrainiens réfugiés en Roumanie. On leur a déjà offert des tablettes afin qu’ils puissent suivre des cours en ligne avec leurs professeurs d’Ukraine, et nous avons aussi trouvé des salles de classe dans des établissements scolaires roumains avec des professeurs parlant l’ukrainien. Par ailleurs, avec le soutien de plusieurs organisations telles que l’Unicef, l’Unesco, la fondation World Vision ou la Croix Rouge, nous avons monté des classes d’enfants ukrainiens avec des professeurs que nous rémunérons aux frais du JRS.
Comment les activités de soutien du JRS sont-elles indépendantes de ses principes religieux ?
Présent dans 55 pays, le Service jésuite des réfugiés fonctionne selon le principe de la neutralité confessionnelle. Ceci étant, à travers l’approche proposée, nous encourageons les valeurs chrétiennes, notamment l’ouverture, le dialogue et la réconciliation. Nous sommes une structure d’inspiration religieuse qui accompagne tous ceux qui ont besoin d’aide. Sur l’ensemble des réfugiés et demandeurs d’asile qui viennent nous voir, les trois quarts ne sont pas chrétiens. L’appartenance religieuse n’est pas une condition pour bénéficier de notre soutien. En revanche, nous mettons à la disposition de ceux qui le souhaitent une chapelle de prière, une direction spirituelle et une orientation vocationnelle. En ce sens, nous avons accueilli et aidé plusieurs prêtes orthodoxes ukrainiens et leurs fidèles venus en Roumanie.
Propos recueillis par Ioana Maria Stăncescu.
Note : à lire ou à relire, notre précédent entretien avec Ștefan Leonescu, conseiller juridique au JRS, sur les travailleurs asiatiques en Roumanie (« Regard, la lettre » du samedi 30 avril 2022) : https://regard.ro/stefan-leonescu-2/