Entretien réalisé le lundi 29 mai dans la matinée, par téléphone et en roumain.
Nouvel échange avec le pianiste et professeur des universités Toma Popovici sur l’interprétation, la carrière musicale et l’enseignement…
Lors de notre premier entretien, vous disiez qu’un musicien classique est comme un traducteur, il doit traduire le message d’une œuvre. Avez-vous parfois envie d’aller au-delà ? Et si oui, comment exprimez-vous ce désir ?
Il n’y a pas de recette ou de réponse simple quand il s’agit de parler de la touche personnelle qu’un artiste ajoute à une œuvre. Certains musiciens préfèrent rester totalement fidèles à la partition, d’autres se permettent une grande liberté, au risque de chercher l’originalité à tout prix. Tout cela n’est pas propre à la musique, mais à tous les arts performatifs. C’est d’ailleurs cette possibilité de réinterprétation qui assure la survie des créations musicales, littéraires ou dramaturgiques. Personnellement, je crois qu’un chef-d’œuvre a plusieurs facettes. Par conséquent, aussi extravagante soit-elle, une interprétation peut être tout à fait correcte, à la seule condition de respecter l’essence de l’œuvre. Dans le cas de la musique, le risque apparaît au moment où l’égo du musicien dépasse les intentions du compositeur. Si le musicien n’a pas de génie, son interprétation ne fera que choquer le public.
Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui rêvent d’une carrière en tant que musicien classique ?
Avant d’envisager une carrière dans le domaine, il faut être certain que la musique est au moins sa seconde nature, si ce n’est la première. Il faut aimer la musique, l’aimer plus que tout, puisqu’il s’agit d’un chemin très long à parcourir, et qui va durer toute une vie. Le succès ne vient pas tout de suite, la reconnaissance non plus. Voilà pourquoi, avant d’avancer dans cette direction, il est essentiel de faire son examen de conscience pour être sûr d’avoir les qualités nécessaires : le talent, la détermination, la persévérance, un mental fort, ainsi de suite. Il peut s’avérer dramatique d’envisager une carrière dans la musique si l’on n’a pas la force requise pour le faire.
La musique classique risque-t-elle de se perdre si l’on ne prend pas soin de renouveler son enseignement ?
Il est essentiel de cultiver le goût pour la musique chez les jeunes générations. Comme musicien, on se pose souvent la question suivante : dans quelle mesure devons-nous adapter notre répertoire aux goûts du public ou au public de suivre nos choix ? C’est là que l’importance d’une éducation musicale se révèle. Il est important d’emmener les enfants dans les concerts, et de leur faire écouter des morceaux de musique classique. D’ailleurs, il existe des concerts éducatifs pour les enfants, je pense au programme Clasic e fantastic (le classique est fantastique, ndlr) qui propose au public jeune la possibilité d’apprendre davantage sur des compositeurs célèbres tout en écoutant leur musique.
Propos recueillis par Ioana Maria Stăncescu.
À lire ou à relire, notre premier entretien avec Toma Popovici (« Regard, la lettre » du samedi 25 septembre 2021) : https://regard.ro/toma-popovici