Fin novembre, lors de son 15ème Sommet à Dakar (Sénégal), l’Organisation internationale de la francophonie – dont la Roumanie est membre depuis 1993 – a élu une nouvelle secrétaire générale, la Canadienne Michäelle Jean, première femme et première personnalité non africaine choisie pour ce poste. Elle succède à l’ancien président sénégalais Abdou Diouf, parti avec les honneurs et sous les applaudissements, apprécié par tous pour son humilité et sa sagesse. Journaliste, ancienne gouverneur général du Canada originaire de Port-au-Prince (Haïti), Michaëlle Jean hérite d’une organisation avec certes peu de moyens mais de nombreux Etats membres notamment d’Afrique en pleine émergence, jeunes, avides d’aller de l’avant. Mais comment aller de l’avant ? Souvent la question ne se pose pas, il s’agit de croître économiquement, principalement, et c’est bien compréhensible. Quand on se promène dans le centre de Dakar un samedi soir, les rues peuvent être sombres et la vie reste précaire. Pourtant le Sénégal est l’un des bons élèves de l’Afrique, le Fonds monétaire international jugeant « satisfaisant » le premier semestre 2014 dans l’un de ses derniers rapports, avec un taux de croissance de près de 5%. Même si les réformes structurelles sont à accélérer, évidemment. Je repose néanmoins la question, comment aller de l’avant ? Comme en Chine ? C’est ce qui se profile. Depuis 2009, l’empire du Milieu est devenu le premier partenaire commercial du continent africain. Les investissements directs chinois ont atteint, en 2013, 25 milliards de dollars, et plus de 2 500 entreprises chinoises y sont actives, notamment dans l’extraction de matières premières. Au-delà d’une énième critique des méthodes de travail et des conséquences sur l’environnement de cette ruée asiatique, d’autres options de développement sont-elles envisageables ? Peut-être, en tout cas l’Organisation internationale de la francophonie pourrait en proposer. On reproche souvent à cette organisation son côté trop institutionnel et de ne produire que de beaux discours. En prenant le temps de les écouter, on se rend compte cependant que leur teneur est plus que jamais essentielle. La francophonie prône l’équilibre, l’ouverture, la transparence, la diversité, la liberté, la tolérance, l’égalité, des valeurs qui souvent manquent à la croissance des pays émergents, et parfois à ceux déjà émergés.
Laurent Couderc (décembre 2014).