Entretien réalisé le samedi 25 février en début d’après-midi, par téléphone et en roumain.
Ștefan Baciu, journaliste et maître accrédité auprès de la Fédération internationale des échecs (FIDE), est également entraîneur et correspondant de presse lors des olympiades d’échecs. Quelques mots de maître sur ce jeu…
Selon vous, l’apprentissage des échecs à l’école est-il nécessaire ? Au-delà de l’effort de concentration et de réflexion, en quoi est-il bénéfique pour les élèves ?
Un tel apprentissage est très bénéfique, le jeu est d’ailleurs déjà présent dans les écoles roumaines suite à un accord entre la Fédération roumaine d’échecs et le ministère de l’Éducation. Il s’agit d’un cours optionnel d’une durée de deux ans, pas forcément consécutifs, et qui permet aux enfants de s’initier au jeu. Les leçons sont tenues par des professeurs de collège qui connaissent les échecs et enseignent les notions de base. En revanche, si un enfant souhaite aller plus loin dans le domaine, il faut qu’il adhère à un club. Pour répondre à l’autre partie de votre question, à côté de la concentration et de la réflexion, je dirais que les échecs nous apprennent à mieux contrôler nos émotions, non seulement durant une partie, mais aussi dans la vie de tous les jours. Ils nous aident à prendre des décisions quand la situation l’impose ou, au contraire, à patienter et à gérer notre impulsivité.
Quelles sont les qualités intellectuelles requises pour être un bon joueur ? L’intuition ou d’autres aptitudes non liées au raisonnement et à la mémoire sont-elles tout aussi importantes ?
C’est un cliché, mais il faut simplement avoir du talent, être doué et très motivé. Un bon jugement est nécessaire, de la logique, et on doit se rendre disponible pour se consacrer au travail et à l’étude. Chez les enfants, le soutien de la famille est essentiel. Mais attention, il y a des parents qui inscrivent leurs enfants dans des clubs d’échecs juste pour leur imposer rigueur et discipline. Selon moi, ce ne sont pas les bonnes raisons, même si certains jeunes finissent par devenir plus rigoureux et plus calmes. De façon générale, je dirais que le jeu d’échecs nécessite surtout une bonne mémoire et une bonne maîtrise de soi, de l’intuition, la volonté de gagner et la capacité de prendre des décisions. C’est une activité aux bénéfices évidents, notamment avec les enfants souffrant d’un trouble autiste. Il arrive d’ailleurs que ces derniers comprennent le jeu beaucoup mieux que d’autres.
Qu’est-ce que les échecs vous ont apporté ?
Beaucoup de satisfaction, la chance de jouer dans des compétitions importantes, de voyager, de gagner, et de me faire des amis parmi d’autres joueurs. Ce jeu m’a aussi aidé à développer un comportement plus apaisé, plus calme, à interagir avec mes semblables d’une manière équilibrée sans me laisser emporter par la colère ou par d’autres sentiments négatifs. Quelque part, il m’a permis de mieux connaître la nature humaine, et de transmettre mes émotions avec justesse.
Propos recueillis par Ioana Maria Stăncescu.