Entretien réalisé le vendredi 21 avril dans la soirée, au studio de RFI Roumanie à Bucarest.
Solal Losson est un jeune Français de 21 ans en Master 1 au Collège juridique franco-roumain d’études européennes de Bucarest. Dans cet échange, il parle de la façon dont il ressent les défis du monde actuel, et de son rapport aux outils numériques…
Votre génération semble très consciente des problématiques, notamment environnementales, posées par la société moderne. Qu’en pensez-vous ?
Chaque génération mène ses combats, ses révoltes afin de s’affranchir de la précédente. Au sein de ma génération, j’observe effectivement un vrai changement de paradigme dans la façon de concevoir la vie. Où vit-on et comment vit-on ? Ce genre de questions se pose souvent, en tout cas dans mon entourage d’amis et de connaissances. Il s’agit d’une inquiétude qui, d’un côté, peut pousser à une volonté d’agir, parfois de façon assez radicale. Mais d’un autre côté, cette inquiétude peut tout simplement faire peur, elle peut paralyser, angoisser. Moi-même je ressens une certaine fatigue par rapport aux problèmes actuels parce qu’ils sont lourds, la responsabilité d’essayer d’y remédier, la charge mentale peuvent s’avérer très pesantes. On voit qu’il est compliqué de trouver des solutions, et quand on en trouve, il semblerait que cela soit encore plus difficile de les appliquer. À mon avis, avec le système politico-économique actuel, je ne vois pas comment les choses vont vraiment pouvoir évoluer dans le bon sens. Mais je ne pense pas non plus que l’on puisse blâmer les générations précédentes. C’est aujourd’hui, face à cette prise de conscience globale, que nous avons moins d’excuses.
Comment vivez-vous l’omniprésence des outils numériques ?
Je vous avoue ne pas être un bon exemple en la matière… Le temps que je dédie quotidiennement à mon smartphone est assez délirant, peut-être cinq à six heures. Et ce temps-là passe à une vitesse inouïe. Ce dont je me rends compte, c’est qu’il y a notamment une perte des moments d’ennui. Personnellement, je passe beaucoup moins de temps à penser, à tout simplement réfléchir. Je vois la différence quand je suis en vacances, surtout dans un lieu où il n’y a pas Internet. Je crois qu’on devrait davantage s’accorder du temps pour s’ennuyer, pour marcher dans la rue sans casque sur les oreilles, pour prendre le temps et non plus le gaspiller. J’ai eu mon premier smartphone à 12 ans, je ne peux donc pas trop comparer une vie avec ou sans smartphone, mais je sais néanmoins que ma capacité d’attention n’est pas optimale, et que c’est certainement dû à l’utilisation du téléphone. Dans mon entourage d’amis, je pense que le constat est le même, certes à des degrés divers. Ceci étant, je ne voudrais pas dresser un tableau complètement négatif vis-à-vis des smartphones, tout n’est évidemment pas mauvais, les jeunes absorbent une multitude d’informations grâce à ce genre d’outils, et certaines sont tout à fait intéressantes et positives pour leur culture.
Qu’est-ce que vous aimez en Roumanie ?
Si je commence par Bucarest, je vous dirais que la première semaine de mon arrivée, en septembre dernier, je me suis demandé ce que je faisais là. Le type d’infrastructures du centre m’a un peu surpris. Mais je me suis vite adapté. Et aujourd’hui, je peux dire que j’aime beaucoup cette ville. Je vis juste à côté du jardin de Cișmigiu, je le trouve très beau, j’adore y aller. Je pense qu’à l’avenir, je reviendrai souvent à Bucarest. Par ailleurs, tout en venant de Paris, Bucarest me semble un endroit proposant une belle offre d’activités, culturelles notamment, surtout par rapport à d’autres capitales de l’Est que j’ai pu visiter. Quant à la Roumanie dans son ensemble, pour faire court, le pays est très divers, tant ses campagnes que ses autres villes. Le centre de Constanța n’a par exemple rien à voir avec Brașov ou Cluj, que ce soit en termes architecturaux ou de mentalité.
Propos recueillis par Olivier Jacques.