Il est assis près de sa petite maison en bois située à flanc de colline, à Pângărați, commune du département de Neamţ, un matin de mai. Il fait bon, lui ne fait rien. Il regarde les arbres, quelques chèvres qui pâturent, des fleurs jaunes et rouges, tout ce vert et le grand bleu. D’une voix douce, il dit bonjour. Son visage est si aimable, tendre parmi les rides, apaisé malgré la dureté d’une fin de vie exposée aux rigueurs du temps, celui du ciel. L’autre, le temps qui passe, il l’a apprivoisé. Il n’attend rien, il attend juste. Ses deux enfants viennent le voir une fois par an, mais ce ne sera pas aujourd’hui. Aujourd’hui est un jour comme un autre où le présent est tout, formidablement puissant. Cet homme n’est pas heureux, il n’est pas triste non plus ; il est un élément de la nature et cela semble lui suffire. Autour de lui, l’air silencieux est empli de sagesse, sillonné par ce regard lent, bienveillant. Son attitude dit tant en ne disant rien, juste au revoir, d’une voix douce. Souvent je pense à cet homme de Pângărați, je me demande s’il est toujours assis au même endroit, si ses enfants sont venus le voir, si quelque chose est venu perturber son quotidien. Si d’autres hommes comme lui existent ailleurs. Certainement, mais ils sont devenus rares.
Laurent Couderc (juin 2016).