Entretien avec Maria Toader, ingénieure pédagogique à l’université de Nantes et co-fondatrice du Centre culturel franco-roumain (CCFR) de Nantes…
Pourquoi avoir choisi la ville de Nantes pour installer un Centre culturel franco-roumain ?
On a fait le choix de créer ce centre culturel pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’il y a une forte communauté roumaine, entre 7 000 et 10 000 individus sur le département de Loire-Atlantique. J’ai aussi découvert l’existence de liens soutenus depuis les années 1990 entre Nantes et le Grand Ouest d’une part, et la Roumanie d’autre part. Ceux-ci perdurent aujourd’hui au travers d’une vingtaine de jumelages encore actifs dans le département. À l’époque, la mairie de Nantes a fait le choix de parrainer Cluj-Napoca pour aider à la reconstruction de la ville, en lui apportant un soutien logistique et organisationnel. Et la troisième raison, c’est que Nantes est une ville assez ouverte à l’international, avec un climat favorable à la découverte d’une culture étrangère. Avec Anaïs Girard, avec qui j’ai lancé le projet le 24 juin 2020, qui correspond à la Journée internationale de la blouse roumaine, le hasard a fait qu’on s’est retrouvées à Nantes après une brève rencontre à Bucarest. Notre objectif est désormais de sensibiliser et de promouvoir la Roumanie à plusieurs niveaux, via la culture, bien sûr, mais aussi à travers des thèmes très actuels liés à l’environnement, au développement durable, à l’innovation, à la jeunesse et aux questions de citoyenneté.
Quels aspects de la politique culturelle à Nantes, et de la ville en général, pourraient s’exporter en Roumanie ? Quels sont les exemples à suivre ?
La ville de Nantes est souvent citée à l’école d’architecture de Bucarest pour son renouveau urbain en lien avec la culture. Elle a su mettre en valeur son patrimoine en amenant la culture au plus proche des gens. Je pense que cet aspect-là, le fait par exemple de proposer des œuvres d’art au milieu d’une place fréquentée, est très inspirant. Notre idée est aussi de monter des passerelles entre Nantes et Cluj, parce que Cluj-Napoca est la ville qui se rapproche le plus de ce que fait Nantes en matière de culture. Nous souhaitons par ailleurs travailler sur des initiatives plus immersives, au plus près du citoyen, en lien avec la transition écologique, la consommation locale ou la politique du zéro déchet. Beaucoup de choses peuvent s’exporter, pas forcément de la culture, mais une culture.
Vous enseignez également le roumain à l’université ou dans le cadre de formations professionnelles. Quelles sont les motivations des Français à apprendre la langue ?
C’est rarement par curiosité, les raisons sont personnelles ou professionnelles. Au niveau personnel, c’est parce qu’on doit partir pour un voyage ou des études, qu’on a de la famille en Roumanie ou un conjoint. Il y a aussi des jeunes d’origine roumaine qui ont perdu le lien avec leur langue natale et veulent la réapprendre, une démarche qui me touche beaucoup. Au niveau professionnel, il s’agit de personnes qui embauchent des Roumains dans l’industrie ou l’agriculture et qui veulent pouvoir discuter avec leurs salariés, ou de travailleurs sociaux qui travaillent avec un public rom et ont besoin du roumain pour mieux les accompagner. Il y a une vraie demande sur Nantes, et on n’a pas assez de professeurs de roumain. Je n’arrive pas à donner suite à toutes les demandes.
Propos recueillis par Sylvain Moreau.
À l’occasion de son premier anniversaire, le Centre culturel franco-roumain de Nantes organise en ligne le 24 juin prochain le vernissage de son projet « TRANZIT 2030 ». Inscription via le lien suivant : https://www.helloasso.com/associations/centre-culturel-franco-roumain-a-nantes/evenements/lancement-tranzit-2030
Et pour plus d’informations, visitez la page Facebook de l’association : https://www.facebook.com/CCFRN