Entretien réalisé le lundi 24 mai dans la soirée, par téléphone et en roumain (depuis Brașov).
Professeure de roumain, auteure de « Oameni Mari » paru en 2020, aux éditions Nemira, et lauréate cette année du Festival du premier roman de Chambéry, Maria Orban parle de son Brașov natal…
Comment la ville de Brașov a-t-elle évolué ces dix dernières années ?
Elle a bien changé. On y a beaucoup construit, on a notamment eu droit à des travaux de modernisation importants. Aujourd’hui, les habitants de la ville s’enorgueillissent d’avoir de très beaux quartiers résidentiels, comme celui de Coresi, par exemple. Brașov reste l’une des principales destinations touristiques de Roumanie, mais j’aurais bien aimé qu’elle soit aussi une destination culturelle. Ce qui n’est pas le cas, bien au contraire. Récemment, les autorités locales ont pris la décision controversée de supprimer le financement du Festival des arts visuels Amural, auquel on doit notamment l’aménagement de toute une promenade qui longe les murailles et les bastions sur la partie nord-ouest des fortifications de la ville, connue sous le nom de « După ziduri » (Après les murs, ndlr).
Comment vivez-vous le tourisme à Brașov ?
Pour moi, en tant qu’auteure, le centre historique est une véritable source d’inspiration. Déjà parce qu’il s’agit d’une cité pluriculturelle où cohabitent Roumains, Saxons et Magyars, mais aussi grâce à cette agitation urbaine continue. La ville regorge de touristes en toute saison. Brașov puise son charme aussi bien dans la beauté de sa partie historique que dans la nature qui l’entoure. On est à la lisière des forêts, aux pieds de la montagne. Du coup, nous, les habitants, on peut choisir si on a envie d’un moment de détente, au plus près de la nature, ou d’un moment animé aux terrasses du centre-ville. En revanche, malgré ce que l’on pourrait croire, la vie de la nuit manque. On n’a pas de clubs ni de boîtes, ou pas beaucoup, même s’il s’agit d’une ville universitaire.
En 2021, dans son classement sur la pollution de l’air, l’Agence européenne pour l’environnement plaçait Brașov en 273ème position parmi 323 grandes villes d’Europe.* Qu’en pensez-vous ?
Sincèrement, je ne savais pas que ma ville était si polluée que ça. Ceci dit, un jour, alors que je marchais vers la station de ski de Poiana Brașov, j’ai observé une sorte de brouillard épais qui planait au-dessus de la ville. De fait, il s’agissait bien d’un nuage de pollution. La ville se trouve dans une dépression, il y a aussi le trafic routier devenu infernal depuis quelques années. Il y a trop de voitures et pas assez d’alternatives. Brașov manque de pistes cyclables, par exemple. Toutefois, il faut aussi saluer les quelques démarches écoresponsables des autorités. Elles encouragent notamment les habitants à faire le tri de leurs déchets en les récompensant d’un ticket de bus gratuit. Après, il y a aussi de nombreux parcs et des quartiers très verts, comme celui de Noua avec son zoo et son parc d’attraction. Et c’est précisément ce qui attire les gens ; je connais d’ailleurs pas mal de personnes qui ont quitté Bucarest ou d’autres grandes villes pour venir s’installer par ici.
Propos recueillis par Ioana Maria Stăncescu.
* Voir le classement de l’Agence européenne pour l’environnement des villes suivant leur niveau de pollution de l’air (données prises entre 2019 et 2020) – tableau situé au milieu de l’article : https://www.eea.europa.eu/themes/air/urban-air-quality/european-city-air-quality-viewer