Marcela Motoc est comédienne, productrice indépendante de théâtre et de film, et fondatrice de l’association « Cortina » pour la promotion culturelle. Elle se penche sur le métier de comédien en Roumanie…
Au-delà des difficultés générées par la pandémie, comment vous sentez-vous en tant que comédienne, ici, en Roumanie ?
D’abord, je voudrais préciser qu’à mon sens, faire le choix de ce métier n’est pas lié au pays dans lequel on l’exerce. Ceci dit, j’ai habité à Paris pendant quelques années, et j’ai déjà fait du théâtre en France. Et à la différence du modèle français ou britannique, le système roumain est plutôt dépassé et manque d’une législation adaptée aux réalités culturelles actuelles. Je pense notamment aux théâtres indépendants où jouent la plupart des jeunes acteurs et que le système délaisse complètement. Contrairement à la France, la Roumanie ne reconnaît pas le statut d’intermittent du spectacle soutenu par l’État en fonction du nombre d’heures travaillées. Du coup, pour le comédien roumain, la solution la plus sûre est de rejoindre les troupes des théâtres publics financées par le ministère de la Culture ou les municipalités. Mais dans ces institutions, les postes sont bloqués et les places rapidement épuisées. Quoi qu’il en soit, tout cela mis de côté, pour moi le métier de comédien est le plus beau du monde.
Quels sont les principaux messages que vous souhaitez faire passer aux spectateurs, au-delà des histoires racontées, des scènes, des dialogues ?
Au-delà du message que le texte interprété souhaite transmettre au public, je considère que le rôle d’un spectacle de théâtre est de refléter la société sous tous ses aspects. Comme un miroir. Et même si ce miroir nous dévoile des choses moins agréables et que le message s’avère plutôt triste, le bien finira toujours par refaire surface. Jamais une pièce de théâtre ne se range du côté du mal. Elle est là pour ouvrir les yeux du spectateur, pour qu’il ait de l’empathie, pour l’émouvoir tout en le rendant conscient des conséquences potentielles de ses actes et de ses pensées. Même les personnages maléfiques sont là pour renforcer la force du bien.
Quelles sont les causes qui vous touchent le plus, ici ou ailleurs ?
Je me suis engagée dans des actions civiques contre la corruption, contre la violence domestique ou encore contre le déboisement illégal. Je milite pour les droits des animaux, pour ceux des femmes, pour l’éducation sexuelle dans les écoles, pour le recyclage. J’ai participé à des collectes de fonds, comme celle organisée par l’association « Dăruiește viață » afin de construire le premier hôpital oncologique dédié aux enfants. Il y a énormément de causes à défendre en Roumanie, chacun d’entre nous peut participer d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce qu’en triant les déchets, en dénonçant la violence ou les faits de corruption. J’ai aussi fondé en 2014 l’association « Cortina » (Le rideau, ndlr) pour soutenir les productions artistiques et cinématographiques locales, mais aussi pour éduquer le public jeune par l’art. Selon moi, en l’absence d’une bonne éducation, les sociétés ne peuvent pas avancer.
Propos recueillis par Ioana Stăncescu.