Marcela Motoc est comédienne, productrice indépendante de théâtre et de films, et fondatrice de l’association « Cortina » pour la promotion culturelle. Elle fait ici le point sur ces derniers mois, pour elle et vis-à-vis du contexte actuel…
Qu’en est-il de vos activités sociales ? Comment cela se passe-t-il en ce moment ?
Malheureusement, je me confronte à une sorte de lassitude, de résignation imposée. Je me retrouve coincée dans une sorte d’attente perpétuelle. Faute de projets susceptibles de se concrétiser, la seule activité sociale dans laquelle je m’investis en ce moment est le théâtre. J’ai toujours plus hâte de me retrouver sur scène pour pouvoir m’évader de cette réalité pesante. D’ailleurs, ce n’est que grâce aux répétitions et aux spectacles que j’arrive à préserver mon optimisme ; pour le reste, la situation actuelle me déprime. La socialisation virtuelle commence petit à petit à remplacer la vraie, ce qui me pousse à essayer de me tenir à l’écart des réseaux sociaux. Ils ne m’amusent plus.
Quel est le regard que vous posez sur l’état des choses en Roumanie ?
Difficile à dire. J’ai l’impression que dernièrement, tout le pays est en soins intensifs. Et que le concentrateur d’oxygène, celui censé assurer notre survie, est devenu l’objet de disputes politiques, de luttes intestines, de chantages. La Roumanie est complètement anéantie, allongée sur son lit d’hôpital, tandis que les uns et les autres s’arrachent le petit tuyau qui devrait nous aider à mieux respirer sans en avoir besoin, juste pour montrer leurs muscles et faire preuve d’autorité. Sortir protester dans la rue ne représente plus une solution. Les jeux politiques sont déshonorants, la manipulation est devenue monnaie courante, le chantage se fait en plein jour. Une autre réalité vient de s’installer, dans laquelle les Roumains sont réduits à de simples pantins. Ceci dit, selon moi, la non réaction ne représente pas non plus une solution. Sauf qu’en ce moment, je ne sais plus ce que je devrais faire, comment m’y prendre. Plus que le but vers lequel je me dirige, c’est la façon dont je fais le trajet qui devient importante. Que je reste fidèle à mes principes et à mes valeurs, car sinon, ça ne sert à rien d’atteindre mes objectifs.
Qu’en est-il de vos projets artistiques ?
Je veux me retrouver sur les planches le plus souvent possible. Jouer, répéter, c’est tout. En ce moment, je joue surtout dans des spectacles à distribution réduite, car même en restant prudents, le coronavirus nous menace toujours. L’important est qu’on nous permet de jouer, même si les salles de spectacle ne fonctionnent qu’à 30% de leur capacité. Et puis, je continue à rêver au jour où les théâtres auront plus de possibilités à offrir, où des postes se débloqueront, et où le ministre de la Culture adoptera des décisions conformes à la réalité.
Propos recueillis par Ioana Stăncescu.