Entretien réalisé le vendredi 3 mars en fin de journée, au studio RFI Roumanie de Bucarest.
Rencontre avec Laurent Tourette, coiffeur créateur français dont le salon à Bucarest est bien connu des célébrités de Roumanie. Ambassadeur pour la marque L’Oréal, il parle ici de son parcours, de son métier, et du pays qui l’a accueilli…
Comment êtes-vous arrivé à Bucarest ?
Je suis venu une première fois en 2004 afin d’organiser un show pour L’Oréal. Puis, alors que je résidais à Paris, on m’a demandé de retourner en Roumanie pour coiffer la grande actrice roumaine Maia Morgenstern. Tout s’est ensuite enchaîné, on m’a proposé de monter un salon de coiffure, j’ai dit oui, et maintenant cela va faire bientôt vingt ans que je vis ici. Par ailleurs, sous l’égide de L’Oréal, je continue à former d’autres coiffeurs un peu partout à travers le monde, ou à organiser des shows. Dans ce domaine, je collabore beaucoup avec le créateur de mode Cătălin Botezatu, quelqu’un d’exceptionnel, très connu en Roumanie, et qui a eu beaucoup d’influence sur la façon dont je coiffe. Pour revenir au salon, qui est sur deux étages, il est situé dans le quartier de Dorobanți et compte douze employés. Au tout début, j’étais sur Calea Victoriei, juste au-dessous de la boutique L’Oréal. D’habitude, L’Oréal Paris ne s’associe pas avec la branche L’Oréal Professionnel. Mais à l’époque, ils ont fait une exception, et cela a tout de suite très bien fonctionné.
Pensez-vous dupliquer votre succès bucarestois ?
Bien sûr, j’y ai pensé, mais gérer des franchises n’est pas simple du tout. Et puis je n’aurais plus ce contact direct avec ma clientèle. Aujourd’hui, c’est moi qui m’occupe de la coupe de chaque client, on vient dans mon salon pour mon coup de ciseaux. Mes collaborateurs s’occupent de la couleur, des mèches, etc. Nous accueillons environ 30 clients par jour qui viennent d’un peu partout à travers le pays, femmes et hommes. Je précise qu’il ne s’agit pas nécessairement d’une clientèle privilégiée ; j’en connais certaines ou certains, aux revenus modestes, qui économiseront pendant plusieurs semaines pour venir dans mon salon.
Comment définiriez-vous la femme roumaine qui vient chez vous ? Et l’homme roumain ?
Quand elle vient chez moi, la femme roumaine est plutôt confiante, très pointilleuse sur ce qu’elle veut, tout en étant ouverte au changement. Et elle va tout faire pour être très belle. Elle ne pense pas d’abord au côté pratique, et peut revenir trois fois dans la semaine s’il le faut pour que sa coupe soit impeccable. D’un autre côté, cette obsession pour l’apparence peut avoir des aspects négatifs… Certaines usent de la chirurgie esthétique de façon exagérée, cela se voit particulièrement quand on sort dans les clubs à Bucarest. Mais bon, si elles se trouvent belles, c’est le principal. Beaucoup de mes clientes ont eu recours à la chirurgie esthétique, et c’est souvent très réussi. Il s’agit de petites retouches, c’est très bien fait, à mon avis. Quant à l’homme roumain, je dirais qu’il a beaucoup évolué, il est devenu lui-même très sophistiqué. Il n’y a qu’à voir le nombre de boutiques de barbiers qui se sont montées. Certains s’épilent, comme les femmes ; ils sont à la fois très apprêtés et très masculins. De fait, qu’ils soient femmes ou hommes, j’aime les Roumains, je sens qu’on fait partie du même univers.
Propos recueillis par Olivier Jacques.