À quoi s’attendre dans les mois à venir vu la crise actuelle ? Éléments de réponse avec Gabriela Bodea, maître de conférences en économie à l’Université Babeș-Bolyai de Cluj…
Quelles conséquences la pandémie aura-t-elle sur l’économie roumaine ?
Étant donné l’interconnexion des États et des acteurs économiques, la crise sanitaire actuelle a une dimension globale. Et son amplitude risque d’être encore plus difficile à contrôler dans un pays qui pâtit déjà d’un système de santé défaillant, d’un niveau de vie plutôt bas et d’un pouvoir d’achat friable. Les rectifications budgétaires opérées par le gouvernement en 2020 ont visé à répondre aux besoins engendrés par la pandémie, sans toutefois réussir à les assouvir. La crise met à défi les décideurs d’adopter des mesures cohérentes et opportunes afin d’appuyer aussi bien la production que les foyers. Ces mesures doivent toutefois être coordonnées avec celles mises en place par les autres pays.
La Roumanie sera-t-elle à l’abri de certains déséquilibres qui touchent les pays d’Europe de l’Ouest ?
Absolument pas. L’impact mondial de la crise dérive de blocages parfois simultanés dans l’offre et la demande de biens, tandis que la perspective économique incertaine génère une baisse de l’offre de main d’œuvre et de la productivité, une interruption des activités économiques, une multiplication des licenciements et des investissements plutôt fragiles. L’offre de biens est difficilement prévisible en raison des ruptures de rythme et de la volatilité de l’environnement économique, le produit intérieur brut chute, la consommation enregistre à son tour des changements car les revenus baissent et les priorités des foyers ne sont plus les mêmes. Les économies voisines sont confrontées à ces mêmes réalités, car les influences transfrontalières de la crise se propagent rapidement. Les ressortissants d’Europe centrale et de l’est ont de plus en plus de mal à supporter le durcissement des conditions bancaires et financières ainsi que les conséquences des fluctuations du taux de change. Mais au-delà de cette interconnexion mondiale, il appartient à chaque État de décider comment il protègera ses propres citoyens.
Le plan de redressement de l’Union européenne aidera-t-il la Roumanie à sortir de cette crise ?
Ce plan de redressement met à profit le potentiel budgétaire de l’UE pour aider les États membres à s’en sortir par une relance de leur économie et un appui aux investissements. Le mécanisme de transition juste, qui fait partie du Green Deal, suppose à lui seul un fonds d’un montant de 40 milliards d’euros destiné à protéger les emplois, à appuyer la reconversion des employés et à encourager les investissements dans les zones les plus touchées, ainsi que les initiatives durables pour l’environnement et les zones rurales. Grâce aux 4,44 milliards d’euros alloués à la Roumanie – troisième montant au sein de l’UE, ndlr –, les sociétés locales pourront supporter plus aisément les coûts d’une adaptation à une autre réalité économique, qui doit se baser sur des investissements solides et profitables pour le pays.
Propos recueillis par Mihaela Rodina.