Entretien réalisé le mercredi 8 février en fin de matinée, au studio de RFI Roumanie à Bucarest.
François Matraire est le directeur du bureau de Business France à Bucarest depuis septembre 2020. Dans cet échange, il explique les fonctions de cette agence de l’État français, ses ressources et champs d’action…
Quelles sont les activités de Business France en Roumanie ? Et comment vous complétez-vous avec la Chambre de commerce et d’industrie France-Roumanie d’une part, et le service économique de l’ambassade de France d’autre part ?
Le bureau Business France en Roumanie est, techniquement, le service commercial de l’ambassade de France. Nous sommes en quelque sorte le miroir du service économique qui s’occupe d’analyses macro-économiques et de suivi des grands contrats. Business France s’intéresse à l’accompagnement des entreprises françaises sur le marché roumain, notamment des PME. Et nous sommes également complémentaires de ce que fait la Chambre de commerce et d’industrie qui, elle, est une structure associative de droit privé roumain, et représente essentiellement les sociétés membres françaises et roumaines. La Chambre a plutôt une fonction d’accueil, de représentation, et travaille pour le développement de ces sociétés. De notre côté, avec une équipe d’une dizaine de personnes, nous sommes en lien avec des entreprises françaises qui ne sont pas encore en Roumanie, mais qui cherchent à y trouver des débouchés commerciaux, surtout pour l’exportation. Concrètement, en collaboration avec l’ensemble des services de l’ambassade, il s’agit, entre autres, de réaliser des études de marché, éventuellement sur mesure, d’expliquer le contexte roumain, et de mettre ces entreprises en contact avec les meilleurs partenaires sur place. Tout cela non pas pour faire concurrence aux agents économiques autochtones, mais dans le but de proposer des complémentarités et d’accélérer la croissance du pays.
Savez-vous si d’autres pays européens proposent le même type d’encadrement ?
Plusieurs pays disposent d’agences d’accompagnement à l’international, mais je dois avouer que la France a probablement l’un des meilleurs services, en tout cas l’un des plus larges en termes de réseaux. Business France a des bureaux dans 60 pays, et couvre indirectement de nombreux autres pays dans le monde par l’intermédiaire de partenaires privés de confiance. Nous travaillons avec près de 1200 collaborateurs, sans compter les presque 300 conseillers internationaux répartis au sein de l’ensemble des Chambres de commerce régionales en France, cela afin d’organiser les premières étapes de préparation à l’export. Ce réseau très complet a été baptisé la « Team France Export ». Personnellement, je n’ai jamais vu ailleurs un tel dispositif, avec ce niveau de maturité et de développement. Même si les Allemands, les Belges, les Espagnols, les Tchèques ou encore les Italiens ont chacun un système qui fonctionne plutôt bien. On travaille parfois en concurrence, parfois ensemble. Je pense aussi aux Japonais qui ont un dispositif intéressant. Je mentionnerais également que la deuxième grande mission de Business France est d’attirer les investissements étrangers en France. La France est le premier pays d’accueil d’investissements internationaux en Europe en termes de valeur et d’emplois créés, et cela depuis plusieurs années. On ne le dit pas assez.
Vous couvrez aussi la Moldavie, la Serbie et la Bulgarie… De quelle façon ?
Sur la Serbie et la Bulgarie, nous avons des correspondants. On a fait un appel à manifestation d’intérêt auprès des opérateurs privés locaux, qui devaient notamment avoir des compétences en français pour pouvoir bien accompagner les entreprises. Il se trouve que les deux partenaires choisis pour ces deux pays sont les Chambres de commerce françaises bilatérales, que nous connaissons depuis longtemps, et avec qui nous sommes en confiance. Parfois, sur certains dossiers, nous travaillons tous ensemble, en tandem ou en trio. Quant à la Moldavie, nous n’avons pas de partenaire référencé sur place, mais il y a une collaboratrice moldave au sein de notre bureau à Bucarest, ce qui nous permet de suivre les demandes pour ce pays. Et je me rends régulièrement dans ces trois pays à titre de représentant de l’agence. J’ajouterais qu’aujourd’hui, il est certain que le contexte de guerre en Ukraine rend la région un peu moins attractive, notamment chez les intermédiaires qui assistent les sociétés françaises pour choisir leur destination export. C’est la raison pour laquelle nous insistons d’autant plus sur les points positifs de la Roumanie en particulier, sa croissance, le pouvoir d’achat en hausse de sa population, même en cette période de forte inflation, ses besoins très divers. Et on essaie de tordre l’idée reçue selon laquelle la Roumanie serait encore un pays de ressources pour produire à bas coût. C’est désormais surtout un partenaire commercial solide et un pays de consommateurs avec de nombreux besoins et désirs.
Propos recueillis par Olivier Jacques.