Entretien réalisé le mardi 27 septembre, en roumain et par mail.
Florin Vizan, directeur du port de Constanța depuis août dernier, explique l’impact du conflit en Ukraine sur l’activité portuaire en Roumanie…
Comment la guerre en Ukraine a modifié l’évolution des échanges de marchandises dans les ports roumains ?
Selon les données préliminaires, au cours des huit premiers mois de cette année, le transport de marchandises dans les ports maritimes roumains a atteint 51 millions de tonnes. L’an dernier, à la même époque, il était de 45 millions de tonnes. Avec cette augmentation de 13%, les ports maritimes peuvent espérer atteindre un nouveau trafic record d’ici la fin de l’année. Sur la seule voie ukrainienne, le port de Constanța a échangé environ 6,4 millions de tonnes de marchandises. Le transport de céréales en particulier a été très important, avec 17 millions de tonnes, dont 4,5 millions sur la voie ukrainienne, soit une augmentation de 5% par rapport à l’année dernière. Au-delà des céréales, il y a eu des échanges croissants pour les minerais de fer, le phosphate, divers types de matériel.
Quels sont vos principaux problèmes logistiques actuels ?
Nous n’avons pas rencontré de problèmes particuliers, si ce n’est que depuis le début de la guerre en Ukraine, il a fallu s’adapter vu la recrudescence des échanges. Les cargos en provenance de République de Moldavie ou d’Ukraine doivent patienter un peu avant de pouvoir décharger ou embarquer des marchandises. Aujourd’hui – 27 septembre, ndlr –, 18 bateaux sont en passe d’entrer dans les ports maritimes roumains, et nous avons donné notre accord à 63 autres qui attendent également d’utiliser nos infrastructures.
Comment voyez-vous l’évolution du trafic ?
Dans le contexte actuel, le rôle stratégique du port de Constanța en tant que plaque tournante régionale est plus important que jamais, il est devenu une voie essentielle pour le transport de marchandises dans la région. Il fait le lien entre l’Europe occidentale, l’Europe centrale et orientale, l’Asie centrale, l’Extrême-Orient et l’Afrique du Nord. Il y a aussi les liaisons navales stratégiques avec le Danube, ainsi que les liaisons ferroviaires et routières. Afin de soutenir les opérateurs portuaires, l’Administration des ports maritimes continue d’investir dans ses infrastructures, soit sur fonds propres, soit grâce à des fonds européens. Environ 550 millions d’euros de fonds européens seront prochainement utilisés, 100 millions d’euros pour la réhabilitation, la modernisation et l’expansion de l’infrastructure routière, 120 millions d’euros pour le dragage dans les ports de Constanța et Mangalia, 46 millions d’euros pour la modernisation de l’infrastructure de distribution d’électricité dans le port de Constanța, et 19 millions d’euros pour les infrastructures d’eau et d’assainissement.
Par ailleurs, 10 millions d’euros seront alloués pour le développement des capacités ferroviaires. La rationalisation de la circulation des camions est aussi un objectif important. En ce sens, nous allons lancer la procédure de construction d’un parking sécurisé avec des facilités de stationnement à proximité de l’autoroute A4 pour un montant de l’ordre de 15 à 18 millions d’euros. Et d’autres projets d’extension des routes à quatre voies sont en cours d’étude afin notamment de mieux relier le port de Constanța au pont routier du canal Danube – mer Noire.
Propos recueillis par Carmen Constantin.