Entretien réalisé en français le mercredi 14 septembre, en milieu d’après-midi, dans le studio de RFI Roumanie.
Dorel Paraschiv est professeur universitaire à l’Académie des études économiques de Bucarest (ASE) et spécialisé dans les relations économiques internationales. Dans cet entretien, il parle des perspectives commerciales et d’investissements en Roumanie, mais aussi de ses étudiants…
Comment jugez-vous les performances de la Roumanie en termes d’investissements et d’échanges internationaux ?
Sur les deux, trois dernières années, on constate que le pays continue d’attirer fortement les investissements étrangers – plus de 43% de hausse des Investissements directs étrangers (IDE) entre 2021 et 2022, ndlr. La Roumanie est un pays stable, elle offre des possibilités de développement, et bénéficie d’une main-d’œuvre bien formée et pas trop chère. Il y a aussi toujours plus de petites et moyennes entreprises roumaines dans les domaines de la finance, de l’immobilier, de l’agro-industrie, du textile, certaines exportant davantage vers l’Europe de l’Ouest. Certes, notre balance commerciale reste déficitaire, mais on observe que les flux commerciaux s’enrichissent, notamment vers l’Asie. D’un autre côté, avec la pandémie, on s’est également rendu compte que beaucoup de sociétés européennes choisissent désormais d’investir plutôt en Europe de l’Est que dans des régions plus lointaines. Et d’échanger davantage avec des pays proches. J’ajouterai qu’on ressent aujourd’hui une vraie effervescence dans le secteur informatique en Roumanie ; il y a non seulement une forte demande pour les jeunes programmeurs roumains, mais aussi un nombre toujours plus important de « start-ups » qui commencent à s’imposer sur un marché international très compétitif.
Les négociations pour l’entrée de la Roumanie dans l’espace Schengen sont en bonne voie, même si un véto est toujours à craindre, notamment de la part des Pays-Bas. Concrètement, qu’est-ce que cette entrée dans Schengen va changer ? Par ailleurs, le pays se trouve dans une phase d’évaluation pour son adhésion au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), pour quels bénéfices ?
Du point de vue technique, la Roumanie remplit aujourd’hui tous les critères et paramètres pour faire partie de l’espace Schengen. Cela va notamment permettre aux Roumains de travailler où ils veulent au sein de cette zone de libre circulation des personnes. Et cela va clairement dynamiser le monde des affaires, et motiver davantage les Roumains à investir ailleurs au sein de l’Union européenne. Quant à l’OCDE, il s’agit de faire partie d’un groupe de pays développés, c’est une marque de confiance, de prédictibilité, cela va aussi être très positif pour l’économie roumaine dans son ensemble.
Comment décririez-vous l’état d’esprit de vos étudiants en cette nouvelle rentrée universitaire ?
À l’ASE, nous accueillons plus de 22 000 étudiants, ils ont 18 ans, 30 ans, 40 ans, voire davantage pour ceux qui suivent un MBA et sont déjà intégrés dans le monde du travail. D’ailleurs, pour ce genre de programme, nous collaborons depuis 25 ans avec le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), basé à Paris. Mais je suppose que votre question se réfère plutôt aux plus jeunes. Cette année, ce qui m’a surpris est leur engouement pour les cours en présentiel. On sent que l’amphithéâtre des cours magistraux leur a manqué, ainsi que le contact direct avec les professeurs. Ils sont plus motivés qu’avant. Autre chose m’a pas mal étonné… Beaucoup d’étudiants qui auparavant partaient étudier à l’étranger ont décidé de rester en Roumanie. Je suppose que c’est en partie dû à la pandémie.
Propos recueillis par Olivier Jacques.