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Entretien réalisé le samedi 3 mai dans l’après-midi, par téléphone et en anglais (depuis Sofia).


Après les élections législatives d’octobre, les huitièmes en moins de quatre ans, la Bulgarie connaît enfin un répit sur le plan politique. Mais ce scrutin a également donné lieu à une décision sans précédent de la Cour constitutionnelle, qui a invalidé les mandats de seize élus sur fond de violations de la loi électorale. Éclairage avec le politologue Daniel Smilov, directeur du Centre pour les stratégies libérales de Sofia…

Le 13 mars, la Cour constitutionnelle a déclaré illégale l’élection de seize députés, un arrêt inédit adopté sur fond de manifestations dans la rue et de conflit avec le Parquet. Comment expliquez-vous cette décision ?

Les élections avaient été très serrées, et l’un des partis en lice, Vélitchié (« Grandeur », ndlr), avait raté d’une vingtaine de voix seulement le seuil de 4% pour entrer au Parlement. Un nouveau décompte s’imposait, mais la Commission électorale centrale a refusé de le faire. L’affaire a alors été portée devant la Cour constitutionnelle qui a ordonné le recomptage des suffrages sur environ un cinquième des 11 000 bureaux de vote. Cette opération a permis à Vélitchié d’entrer au Parlement et a entraîné l’invalidation des mandats de seize élus. Cela a compliqué la vie de la majorité au pouvoir. Si auparavant elle comprenait quatre partis et disposait d’une majorité de six élus, cette majorité a fondu à une seule voix et elle a été amenée à incorporer une cinquième formation. La démarche de la Cour a en outre abouti à la découverte de tout un tas de manipulations des voix, un véritable catalogue d’irrégularités. Si des manifestations en faveur de l’indépendance de la justice ont eu lieu avant cette décision, je noterais surtout les pressions émanant du gouvernement, qui a accusé la Cour d’adopter des décisions politiques, et l’immixtion scandaleuse, selon moi, de procureurs qui ont bloqué l’accès des juges constitutionnels à certaines données et informations. Mais, d’une certaine façon, tout est bien qui finit bien.

Malgré cette affaire, la Bulgarie dispose-t-elle enfin d’un gouvernement stable prêt à tourner la page de l’ère du controversé ex-Premier ministre Boïko Borissov ?

Le gouvernement, que je décrirais comme pro-européen, n’est malheureusement pas stable, tandis que c’est toujours Borissov qui tire les ficelles. Certes, un peu moins qu’avant. Le plus scandaleux, c’est son alliance renouvelée avec Delyan Peevski – député du Mouvement des droits et des libertés, et oligarque controversé, ndlr. La coalition formée autour de la formation GERB de Borissov inclut en outre les socialistes, qui ne représentent plus qu’une faction minuscule, ainsi que le parti populiste « Il y a un tel peuple ». Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement dirigé par le Premier ministre Rossen Jeliazkov ne soit pas très populaire, mais il est condamné à survivre au moins jusqu’à juin lorsque l’Union européenne décidera de l’entrée ou non de la Bulgarie dans la zone euro. Le principal parti d’opposition, « Nous continuons le changement », a de son côté promis de ne pas tenter de le renverser d’ici là. Et si la décision de l’UE est favorable, la survie du gouvernement pourra être assurée pendant une période plus longue.

Dans ce contexte, comment décririez-vous l’état d’esprit des Bulgares, sont-ils plus optimistes qu’ils ne l’étaient avant ces élections ?

Je dirais que les Bulgares sont contents d’avoir enfin un gouvernement après la fatigue générée par ces scrutins à répétition. Même si ce n’est pas le meilleur, il était indispensable d’avoir un exécutif aux pleins pouvoirs avant la décision concernant la zone euro. Paradoxalement, malgré ces turbulences politiques, la Bulgarie se porte très bien économiquement, les indicateurs macro s’améliorent de manière spectaculaire, et les gens ne redoutent pas l’arrivée d’une crise économique. Au contraire, les revenus sont en hausse tandis que le chômage est au plus bas. Il reste certes beaucoup de problèmes à résoudre, mais la situation actuelle joue en faveur du gouvernement.

Propos recueillis par Mihaela Rodina (03/05/25).

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