Dan Barna est le président du parti USR (Union Sauvez la Roumanie) et vice-Premier ministre depuis les élections de décembre dernier. Il rend compte ici de ses premières réflexions et projets en tant que dirigeant au sein de l’exécutif…
USR-PLUS (*) est au pouvoir pour la première fois. Comment le vivez-vous ?
Il s’agit évidemment d’un nouveau défi. Personnellement, je suis encore au stade de la compréhension de l’intérieur du système, des points positifs et des points de blocage. Le programme du gouvernement convenu par la coalition après d’intenses négociations est un compromis entre le programme réformiste de l’USR-PLUS et les points de vue des partis partenaires (**). Ceci étant, tout l’enjeu de notre participation dans ce gouvernement est de remplir les objectifs que nous nous sommes fixés ; qu’il s’agisse des questions de justice, avec par exemple l’initiative Fără penali în funcții publice (pas de criminels dans la fonction publique, ndlr), pour laquelle nous organiserons un référendum dès que la situation sanitaire le permettra, ou d’économie, avec par exemple l’objectif de ne plus imposer le salaire minimum. Sans oublier les questions environnementales, si importantes dans notre agenda, ou d’infrastructures où les attentes sont très grandes.
(*) Alliance de centre-droit entre l’USR et le Parti de la Liberté, de l’Unité et de la Solidarité, ndlr.
(**) Le gouvernement mis en place depuis décembre dernier est composé de membres de l’USR-PLUS ainsi que du Parti national libéral (PNL, centre-droit) et de l’UDMR, le parti de la minorité hongroise, ndlr.
En tant que vice-Premier ministre, vous supervisez des ministères qui ont à leur disposition des milliards d’euros de fonds européens. Comment envisagez-vous de gérer cette manne ?
Il s’agit là du principal défi de mon mandat. Entre février et mars, nous devons achever la mise à jour d’un plan national de relance et de résilience afin de sélectionner les projets qui produiront les résultats attendus par la Commission européenne, l’octroi de ces sommes étant conditionné au bon déroulement de cette première étape. À la fin du mois d’avril, ces projets devraient être clairement définis pour que nous puissions les mettre en place, après l’approbation de la Commission. L’ancien plan comportait une approche exclusive et se focalisait sur les infrastructures. Mais des changements sont intervenus au niveau du Parlement européen, désormais l’idée est de se concentrer également sur d’autres domaines importants. Par exemple, il a été établi que 7% des fonds doivent aller à la préservation de l’environnement et à la gestion du changement climatique, et 20% à la numérisation de notre administration. À ce propos, au début de la pandémie, souvenez-vous qu’en deux, trois semaines, nous avons réussi à poursuivre l’activité du Parlement en ligne et sans problème. L’éducation sera aussi mise en avant. Il s’agit simplement de volonté politique. De fait, Bruxelles nous oblige à nous moderniser. Évidemment, le développement des infrastructures reste une priorité absolue pour la Roumanie. Tout au long des trente dernières années, rien n’a été fait, nous devons aujourd’hui construire ce qui a été achevé dans le reste de l’Europe il y a déjà trente ou quarante ans. Je fais notamment référence aux corridors de transport qui traverseront la Roumanie du nord au sud et d’est en ouest, ou à la réhabilitation du réseau de transport ferroviaire.
La coalition au pouvoir est-elle vraiment stable ?
Il n’y a pas de problème au sein de la coalition pour le moment. Et je suis convaincu que nous aurons un gouvernement stable. J’ai de très bonnes relations avec le Premier ministre Florin Cîțu et le vice-Premier ministre Kelemen Hunor. Il n’y a donc pas de tensions à la tête de la coalition, et c’est une première condition de stabilité. Par ailleurs, nous disposons d’une majorité solide au Parlement, ce qui assurera un soutien législatif aux réformes engagées.
Propos recueillis par Carmen Constantin.