Entretien réalisé le vendredi 11 février dans l’après-midi, en roumain et par téléphone (depuis Sibiu).
Après avoir été le troisième parti du pays, USR traverse un moment difficile, cherche un nouveau chef de file et un nouveau message. Dan Barna, ancien président et actuel vice-président de la formation, parle de ces défis…
La démission de Dacian Cioloș – du poste de président, ndlr – a alimenté les spéculations sur l’échec de la fusion USR.* Y a-t-il un risque de fracture ?
Le risque est insignifiant, à mon sens, car une démission, même si c’est celle d’un président de parti, est une décision personnelle. À l’heure actuelle, USR est en mesure d’être la seule véritable alternative européenne démocratique et modernisatrice pour la Roumanie. On voit le PSD et le PNL jumelés au sein d’un gouvernement qui, bien qu’il dispose d’une majorité significative d’environ 70%, n’a résolu aucun des problèmes importants après deux mois et demi au pouvoir, qu’il s’agisse des factures d’énergie, de l’exploitation du gaz en mer Noire, ou de l’introduction d’une nouvelle loi pour les projets gaziers offshore. Quant à la gestion de la pandémie, il y a beaucoup de bégaiement. Rien ne se passe alors que le gouvernement bénéficie d’une majorité confortable. De ce point de vue, USR est la seule alternative démocratique, car de l’autre côté, il y a un parti extrémiste – AUR, ndlr – qui devient de plus en plus violent. Mais je suis optimiste ; dans le contexte actuel, une opposition forte est nécessaire, et ce sera la raison pour laquelle la crise au sein de notre formation sera surmontée. Il y aura certainement un congrès pour l’élection de notre prochain président, le calendrier sera fixé dans les semaines qui viennent.
Mais pour l’instant, votre formation s’est effondrée dans les sondages…
Je rejette cette affirmation. Nous avons obtenu environ 15 % aux dernières élections – fin décembre 2020, ndlr –, et nous sommes désormais à environ 13 %. Il s’agit donc plutôt d’une fluctuation au sein d’une marge qui correspond à ce qu’a connu le parti ces dernières années. Nous disposons d’une composante stable, d’un électorat qui comprend qu’USR est la partie modernisatrice et européenne du spectre politique. Néanmoins, il est très clair que notre message doit être plus sophistiqué et plus adapté aux composantes plus larges de la société, c’est l’objectif pour les mois à venir. Et je ne m’inquiète pas des sondages, ils sont juste un instantané ; dans un mois ou deux, vous verrez que les pourcentages seront différents. Les élections sont encore loin – 2024, ndlr –, il est vraiment important de redevenir ce parti avec un nouveau message qui peut instaurer la confiance.
Qu’est-ce qui vous inquiète le plus pour la Roumanie, son économie, sa société ?
En ce moment, la Roumanie a un gros problème de confiance civique. Et cela à cause de la trahison d’un espoir, quand le président Klaus Iohannis a permis le retour du PSD au pouvoir alors qu’une majorité de l’électorat venait de voter pour que le PSD reste dans l’opposition. Cette trahison a créé une déception majeure et significative, avec le risque que les gens ne participent plus à la vie civique, et n’aillent plus voter. Cela explique aussi la croissance dans les sondages d’un parti extrémiste qui introduit la violence et la terreur dans la vie publique. Par conséquent, notre objectif est de tout faire pour reconstruire une logique dans laquelle il existe une alternative démocratique, décente et éthique pour la société roumaine.
Propos recueillis par Carmen Constantin.
* Les partis mentionnés dans cet entretien :
USR : Parti de centre-droit créé après la fusion de l’Union Sauvez la Roumanie et le Parti de la Liberté, de l’Unité et de la Solidarité.
PNL : Parti national libéral, centre-droit.
PSD : Parti social-démocrate.
AUR : Alliance pour l’Union des Roumains, formation nationaliste et traditionaliste qui revendique, entre autres, l’union de la Roumanie avec la république de Moldavie.