Entretien réalisé le vendredi 4 novembre dans la matinée, au studio de RFI Roumanie à Bucarest (par vidéoconférence).
Arnaud Galy est journaliste, photographe, et rédacteur en chef pour les médias associatifs produits par Agora francophone. Dans cet entretien, il parle de son travail, de francophonie et de journalisme…
Agora francophone fut pendant longtemps une revue annuelle. Son format a beaucoup évolué, comment se présente-t-elle aujourd’hui ?
Effectivement, la revue est désormais un site que nous actualisons plusieurs fois par semaine. Nous envoyons également une infolettre à plus de 5000 destinataires, enseignants, journalistes, diplomates, et beaucoup de personnes du milieu associatif. Je dirais que nos informations sont transversales, tout comme la francophonie peut être transversale. On peut parler de tout, et nous parlons de tout. Agora francophone est surtout le relais de la francophonie des peuples. On reproche parfois le côté très institutionnel de la francophonie ; il est peut-être ambigu, mais il est aussi incontournable. L’Organisation internationale de la francophonie est évidemment notre partenaire. Il y a des grands programmes autour de l’éducation, de la culture, et nombre de festivals soutenus par la Francophonie dont il faut parler. Cela n’aurait pas de sens de les éliminer de notre ligne éditoriale. J’irai même au-delà, je trouve la francophilie tout à fait intéressante. Récemment, j’ai eu la chance de rencontrer un Coréen du sud qui consacre sa vie à la langue française, ce fut passionnant.
Vous étiez récemment en République de Moldavie, qu’y faisiez-vous ?
J’ai participé à un programme financé par l’ambassade de France en République de Moldavie et le Conseil de l’Europe, entre autres. Avec l’École supérieure de journalisme de Lille, nous avons organisé une formation pour une dizaine de journalistes moldaves, non pas pour leur dire comment faire leur métier, mais afin de créer des échanges, des accompagnements. J’ai personnellement œuvré à la première partie de la formation sur mon métier d’origine, la photographie de presse, en partant du principe que la photo était plutôt mal menée en ce moment, que la qualité des images dans la presse diminuait, et que dans les écoles de journalisme, la photographie manquait de considération. Notamment à cause de l’avènement du smartphone. À mon sens, il est grand temps de réinventer quelque chose autour de la photo.
L’éducation aux médias a le vent en poupe. Ceci étant, n’est-il pas ironique qu’on en soit venu à devoir éduquer aux médias, à devoir orienter sur que lire ou regarder ? Avant l’arrivée des réseaux sociaux et ce foisonnement d’infos en tous genres, on ne se posait pas la question, les jeunes lisaient les journaux, ou pas, mais il n’y avait pas vraiment besoin d’intervenir…
Effectivement, et selon moi, c’est à la fois ironique et triste. Aujourd’hui, le lecteur est noyé dans ce foisonnement auquel vous faites allusion. Avant l’arrivée d’Internet, la presse évoluait dans un cadre relativement rigoureux. Aujourd’hui, tout le monde donne son avis sur tout, chaque citoyen peut s’exprimer. Dans un sens, c’est bien, notamment dans les contextes où la démocratie est loin d’être acquise, et où les réseaux sociaux permettent l’expression non censurée. Mais de façon générale, on ne sait plus qui croire, ni comment croire. Le temps passé sur les réseaux sociaux, qui sont comme une sorte de prolongement de la presse, est complètement éclaté, on s’informe par petits bouts, et mal. La rigueur journalistique se disperse, inévitablement. Certains réagissent et s’appliquent à s’informer correctement en allant sur des sites crédibles. Mais en général, ce n’est pas le cas des jeunes qui, souvent, ne se rendent pas compte qu’ils sont malmenés. D’où l’intérêt d’éduquer aux médias, une nécessité que l’on peut déplorer mais qui est désormais indispensable.
Propos recueillis par Olivier Jacques.