Entretien réalisé le mercredi 29 mars dans la matinée, par téléphone et en roumain.
L’arrivée du printemps en Roumanie marque la réapparition des cigognes, oiseaux emblématiques dans le paysage roumain. Andreea Oprea est responsable de la communication au sein de la SOR, la Société ornithologique roumaine qui mène un grand travail de recensement et de « science citoyenne » autour de ce grand échassier…
Quel est le travail de la SOR ?
La Société ornithologique roumaine est une organisation non gouvernementale à but non lucratif qui mène des activités de protection des oiseaux et de la nature avec le soutien de ses membres et bénévoles, sur la base de dons et de projets. Fondée à Mediaș par des scientifiques et des passionnés, juste après la révolution, en février 1990, elle est en Roumanie la partenaire de BirdLife International, un réseau mondial de plus de 115 organisations nationales de protection des oiseaux et de la nature, dont fait aussi partie la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO, ndlr) en France. Nous disposons de deux bureaux à Bucarest et Cluj-Napoca, et nous fournissons des conseils locaux, régionaux et nationaux sur la préservation des oiseaux. La SOR effectue un important travail de plaidoyer auprès du gouvernement et de ses représentants sur le terrain pour le respect et l’application de la législation environnementale nationale et l’alignement sur celle de l’Union européenne. Nous menons aussi de nombreux projets avec et auprès du public pour sensibiliser à l’importance et à la valeur du capital naturel, oiseaux et habitats, que possède notre pays.
L’un de ces projets concerne spécialement les cigognes…
Tout à fait, nous avons lancé le programme Uite Barza! (Regarde la cigogne, ndlr) en 2017, avec le soutien de l’entreprise électrique Enel. Le but est de recenser les cigognes blanches du pays grâce à l’aide de tous les citoyens qui peuvent signaler les nids de cigognes sur une application mobile. C’est la première application gratuite de « science citoyenne » en Roumanie, et elle connaît un franc succès. Elle est très facile à utiliser et nous invitons tout le monde à l’adopter. Il s’agit simplement de signaler la présence d’un nid habité, de prendre une photo, de confirmer la position GPS grâce au téléphone en se mettant à proximité du nid, et à indiquer le nombre de cigognes adultes et juvéniles observées. Il est aussi possible de signaler des problèmes ou des incidents avec les nids, s’il y en a. Car les cigognes blanches créent très souvent leur nid sur des pylônes électriques. C’est la raison pour laquelle nos données sont transmises aux opérateurs électriques de tout le pays que nous avons sensibilisés, et qui peuvent mener des travaux de sécurisation des nids. L’année dernière, nous avons identifié plus de 300 nouveaux nids… Nous utilisons les données récoltées pour améliorer les projets de préservation de colonies de cigognes sur l’ensemble du territoire.
Comment est né ce projet de sensibilisation ?
Nous avons de nombreux projets de recensement de diverses espèces pour lesquels nos biologistes vont sur le terrain. Mais nous souhaitions faire participer le plus grand nombre de Roumains à un projet de science participative, de sensibilisation aux oiseaux. La cigogne était la candidate idéale pour ce projet car elle est très reconnaissable, même par des gens qui ne s’y connaissent pas. Et elle niche proche des zones d’habitation humaine, elle est donc facile à observer. L’année dernière, grâce à l’ensemble des participants, nous avons identifié 5400 individus, 2700 adultes et 2700 juvéniles.
Propos recueillis par Hervé Bossy.
Note : l’application est disponible sur Iphone et Android :
https://play.google.com/store/apps/details?id=ro.sor.berzeleromaniei&hl=ro