Entretien réalisé le lundi 2 octobre dans l’après-midi, par téléphone et en roumain.
Créatrice de la plate-forme de documentaires Guerrilla Verde, Nicoleta Talpeș parle de la nécessité de former davantage les journalistes et communicants sur les questions environnementales…
Comment convaincre les journalistes roumains de mettre toujours plus l’accent sur les questions environnementales alors que leur situation générale est déjà sous pression depuis des années ?
Nous comprenons ce contexte, mais nous ciblons surtout les journalistes et communicants de demain. Dès leurs premiers pas dans le monde du journalisme ou de la communication, il s’agit de faire en sorte que ces jeunes gardent à l’esprit les enjeux environnementaux, et filtrent l’information de manière plus ciblée. L’initiative est d’ailleurs déclinable à d’autres thématiques, les questions de genre, par exemple, sujet dont nous nous préoccupons également. Il s’agit d’un travail de longue haleine, nous en sommes conscients, mais d’une certaine manière, nous n’avons plus le choix. Il est devenu impératif que ces jeunes journalistes s’emparent des thématiques environnementales à bras-le-corps, et puissent les imposer dans les salles de rédaction. Au lieu de diffuser certaines informations qui souvent n’en valent pas la peine. Autre chose… Il est crucial que journalistes et chargés de communication construisent un réseau fort de sources fiables, experts, entités privées et publiques, etc. Les exemples de l’Allemagne et de la France sont tout à fait pertinents à cet égard*.
* Début septembre, le groupe AlticeMedia (France) a mis en place une charte sur le traitement des enjeux climatiques sur ses antennes, et notamment sur les dix chaînes de BFM Régions. Source : Festival de l’info locale (29/09/2023).
Votre projet met dans le même panier les journalistes et les chargés de communication, alors qu’il s’agit de professions fondamentalement différentes. Ne pensez-vous pas que ces deux métiers devraient être traités séparément ?
Je vois ce que vous voulez dire, mais concernant l’éducation à l’environnement et au développement durable, je pense que le besoin est si grand que les concepts de base peuvent être transmis à plusieurs catégories. Certes, le métier de chargé de communication dans le domaine du développement durable n’est pas le même que celui de journaliste, de responsable des relations publiques ou de communicant d’entreprise. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous allons nous adresser à ces publics de manière distincte afin de personnaliser davantage les approches. Le 20 octobre prochain, nous organiserons un premier atelier à la Faculté de journalisme et des sciences de la communication, suivi, le 26 octobre, d’un Webinaire où nous allons travailler avec l’ensemble des facultés de journalisme et de communication du pays*. Enfin, le 7 novembre, nous aurons un atelier avec les étudiants de l’École de sciences politiques et d’administration (SNSPA, ndlr). Je le répète, ces ateliers ont été pensés de façon personnalisée pour chaque type de faculté.
* https://www.guerrillaverde.ro/sustainabilitynewslab
Ne pensez-vous pas que consacrer trop d’articles au thème de l’environnement risque de braquer une partie du public, d’être contre-productif ?
Je ne suis pas d’accord avec vous, je m’intéresse à ces questions depuis très longtemps et j’ai noté un intérêt croissant du public pour les questions environnementales. Cela coïncide d’ailleurs avec les problèmes que nous rencontrons dans notre vie au quotidien, la pollution due au changement climatique, les catastrophes naturelles, des événements qui deviendront de plus en plus fréquents à l’avenir, les gens en ont bien pris conscience. D’après moi, la thématique continuera d’intéresser toujours plus. C’est logique, les gens cherchent des réponses et veulent comprendre les causes de ces catastrophes. Sans oublier que dans le même temps, ils sont de plus en plus friands d’informations sur les nouveautés technologiques telles que les panneaux solaires, les voitures électriques, le recyclage des déchets ou le tri sélectif.
Propos recueillis par Carmen Constantin.