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Entretien réalisé le mercredi 18 juin dans l’après-midi, en roumain et sur le bateau du projet REXDAN à Galați.


Mădălina Călmuc est chercheuse en ingénierie industrielle à l’université Dunărea de Jos de Galați. Ses recherches portent sur la présence de microplastiques dans le Danube et son impact sur les milieux aquatiques…

Vous avez réalisé une thèse sur les microplastiques dans le Danube. Quels en ont été les résultats ? 

Ma thèse est basée sur deux études, les premières en Roumanie de cette envergure. D’abord, une étude réalisée en 2022 et 2023 en collaboration avec le réseau Global Water Partnership qui a été menée des Portes de Fer à l’Ouest du pays jusqu’à Isaccea, avant le delta du Danube. D’après les résultats obtenus, nous estimons que le Danube transporte chaque année, rien que sur le territoire roumain, environ 50 tonnes de microplastiques. Par microplastiques, on entend les morceaux de plastiques dont la dimension est inférieure à 5mm. Parallèlement, de notre côté, nous avons également réalisé une autre étude dans l’eau et les sédiments du fleuve, en partant de Galați jusqu’à la mer Noire, et en passant par les trois bras du delta du Danube. On a identifié la présence de microplastiques dans toutes les stations d’échantillonnage, tant dans l’eau que les sédiments. Dans l’eau, nous avons trouvé des concentrations allant jusqu’à trois particules par mètre cube sur le bras Chilia, à l’embouchure de la mer Noire. Dans les sédiments, nous avons identifié une concentration de microplastiques allant jusqu’à 50 particules par kilogramme de sédiments séchés. Ces microplastiques ne sont donc pas seulement présents à la surface, mais dans toute la colonne d’eau – profondeur qui s’étend de la surface jusqu’au fond d’un espace aquatique, ndlr. Les sédiments sont considérés comme le réservoir final d’accumulation des microplastiques. Cependant, il est difficile de dire si cette pollution est plus importante qu’ailleurs, car nous n’avons pas encore d’autres éléments de comparaison, notamment en Roumanie. L’étude des microplastiques est assez récente. Elle a commencé il y a un peu plus de vingt ans pour les océans et mers*, et il y a seulement une décennie pour les eaux douces. Mais les études montrent bien qu’ils sont omniprésents, et qu’on les retrouve aujourd’hui dans le corps humain.

* Le terme microplastique a été introduit en 2004 par le biologiste britannique Richard Thompson. Il a commencé à identifier ces particules dès 1993 dans des campagnes de collecte de plastique sur les plages et en mer au Royaume-Uni (ndlr).

Quels impacts peuvent avoir ces microplastiques sur l’humain et l’environnement ?

La toxicité des microplastiques est multiple. Tout d’abord, leur petite taille favorise leur pénétration dans les organismes aquatiques. Après ingestion, certains sont excrétés, tandis que d’autres restent au niveau de l’intestin et des branchies (organes respiratoires des animaux aquatiques, ndlr), et peuvent provoquer des maladies. De plus petits encore peuvent même traverser la paroi intestinale et s’accumuler dans la chair, que nous consommons ensuite. La deuxième raison pour laquelle nous les considérons comme potentiellement toxiques est qu’ils contiennent certains additifs dans leur composition, considérés comme toxiques pour les organismes aquatiques et même pour les humains. Une troisième raison est qu’ils sont vecteurs de transport d’autres polluants, comme les produits pharmaceutiques, les métaux, les pesticides et même des agents pathogènes. Ainsi, l’ingestion d’une particule de microplastique comporte un risque d’ingestion d’autres polluants absorbés à la surface. Actuellement, nous menons une autre étude afin d’identifier ces polluants.

Comment limiter les microplastiques et dépolluer les eaux ? 

L’Union européenne s’est fixée comme objectif de réduire de 30 % le rejet des microplastiques dans l’environnement d’ici à 2030, soit dans cinq ans, ce qui est très court. Pour cela, les autorités devraient mettre en place des mesures afin de réduire la pollution provenant notamment des stations d’épuration, en investissant dans leur modernisation. Elles devraient aussi mettre en œuvre des méthodes d’élimination des microplastiques. Bien sûr, il faudrait également réduire la consommation de plastique. Certaines mesures ont déjà été prises, des matériaux alternatifs biodégradables ont été élaborés pour le replacer. Mais les dégâts sont déjà faits, le plastique est déjà omniprésent dans l’environnement. Dorénavant, nous devons veiller à ne pas amplifier ce fléau.

Propos recueillis par Marine Leduc (18/06/25). 

Note :

Ce mois-ci, le bateau du projet REXDAN, plus gros bateau de recherche situé dans les eaux douces européennes, va effectuer un voyage jusqu’à Vienne. Ceci afin de prélever des échantillons pour étudier la pollution des eaux du Danube en Roumanie et au-delà. Le projet de recherche REXDAN a été initié en 2020, et le bateau a été construit grâce à des fonds européens au chantier naval de Giurgiu, avant d’arriver à Galați en 2023 (ndlr).

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