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Entretien réalisé le lundi 17 janvier dans la matinée, par téléphone et en roumain.


Lors de la vague de manifestations contre l’OUG 13 en 2017, un décret visant à mettre certains hommes politiques à l’abri de poursuites pénales, Diana Filimon, 39 ans, diplômée en philologie et experte en communication, a compris qu’être un citoyen modèle ne suffisait plus. Elle décida alors de s’investir davantage pour réveiller la conscience collective, et fonda à Alba Iulia une association, Forum Apulum, destinée à stimuler l’implication civique des jeunes…

Pourquoi avez-vous choisi de cibler les jeunes ? 

Nous avons compris qu’il était plus facile de tenter d’éduquer les jeunes que d’essayer de changer la génération des quadragénaires et quinquagénaires, qui ont une vision du monde plutôt bien arrêtée. Confrontés au mécontentement généralisé envers le trop lent changement de la société, nous avons estimé que c’était au niveau des jeunes que nous pouvions faire la différence, même si, évidemment, il n’y a pas de solution miracle. Notre association ne compte sur le papier qu’une douzaine de membres, mais nos projets ont atteint des dizaines de milliers de jeunes. Notre but est de cibler notamment ceux des petites villes de province, en proie à un fort taux d’émigration.

Quels ont été vos projets les plus porteurs ?

Nous avons mené des initiatives liées à l’histoire, en traduisant par exemple le communisme dans le langage des jeunes, ou encore créé un dictionnaire illustré de la transition – vers une économie de marché, ndlr – pour présenter l’histoire sous une forme digérable. Cela a permis de mieux connecter les jeunes à cette période afin qu’elle ne soit plus vue comme trop lointaine. Généralement, les discussions concernant le communisme ne les intéressent pas ; pour eux, il s’agit d’un sujet abstrait, une période grise qui est intervenue il y a longtemps, qui ne se répètera pas, et qui ne concerne que les adultes. Quel que soit le thème, l’important est de communiquer avec les jeunes dans leur langue, sinon on risque de se retrouver à parler tout seul. Nos projets les plus récents ont été regroupés sous la thématique du « Genre », déclinée en « Genre revue », « Genre actualité », et aussi « Genre poésie » ; ils permettent à ceux âgés de 16 à 24 ans d’exprimer leurs idées et leurs sentiments au-delà des réseaux sociaux. On y parle de sujets tels que l’égalité de genre, l’activisme, ou encore les droits de la communauté LGBT.

Qu’avez-vous appris lors de l’interaction avec tous ces jeunes, comment les décririez-vous ?

Nous avons découvert un sentiment anti-système en hausse, alimenté par les « vieux » partis, qu’ils considèrent comme totalement dépassés, mais aussi par les plus récents, tels AUR et USR, qui ne les représentent pas non plus. Pour eux, les adultes, l’État, la politique représentent tous « le système », et « le système est mauvais ». Ils le rejettent, mais en même temps, ils rechignent à s’impliquer pour tenter de l’améliorer, car ils ne trouvent pas çà « cool ». C’est un danger pour les prochaines élections ; soit ils n’iront pas voter, soit ils voteront pour faire un pied de nez au système. Je décrirais cette attitude comme une sorte de révolte de l’apathie ; les jeunes sont frustrés et ils considèrent l’apathie comme une forme de révolte. La pandémie n’a fait qu’accentuer cet isolement, car si jusqu’ici il y avait une interaction, désormais ce sentiment s’est aggravé. Aujourd’hui, il est indispensable de leur parler, sans les juger, de leur apprendre à écouter les arguments de l’autre, et d’encourager le débat.

Propos recueillis par Mihaela Rodina.  

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