Les rues montent légèrement depuis le boulevard Ştefan cel Mare. Arborées, calmes, elles invitent à la promenade. Les maisons sont plutôt basses, l’architecture est modeste mais agréable. Plus loin, un jardin parfaitement entretenu donne envie de prolonger la marche. Chişinău, capitale de la République de Moldavie, mérite qu’on s’y intéresse, au-delà d’une vie politique désolante. La ville a d’autres visages, touchants, notamment le visage de ses gens. Il s’agit peut-être de circonstances ou d’un simple sentiment, mais rarement j’aurai vu autant de traits doux, de regards bienveillants, de comportements affables. Je me demande d’où vient cette gentillesse, sincère, et comment un quotidien souvent difficile n’ait pas altéré cette façon d’être, de sourire. Chişinău, ville dénigrée, oubliée, capitale d’un pays qui se cherche, cache en son cœur de belles âmes. Après avoir fait le tour du jardin, je repasse par ces mêmes rues qui s’entrecroisent, paisibles. On entend à peine la circulation du grand boulevard. Les arbres sont hauts, encore verts en cette fin du mois de septembre. Je rentre dans un petit bar tapissé de lattes en bois brun, et commande un verre de vin rouge Rara Neagră, merveilleux cépage abondamment cultivé en terre moldave. Peut-être que tout vient de là.
Laurent Couderc (octobre 2016).