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Entretien réalisé le mercredi 2 avril dans l’après-midi, par téléphone et en français.


Face aux changements climatiques, économiques et sociaux, comment bâtir des villes capables de résister à différents chocs ? Bogdan Gioară, économiste, président de l’ONG Reper21, revient sur le concept de « ville résiliente » et défend une approche fondée sur les liens sociaux, l’adaptabilité et la nature…

Pourriez-vous expliquer le concept de « ville résiliente » ?

Une ville résiliente est un système urbain capable d’absorber et de surmonter divers chocs, qu’ils soient soudains ou progressifs, tout en préservant ses fonctions essentielles et en protégeant ses habitants, notamment les plus vulnérables. Sa résilience repose sur plusieurs dimensions : infrastructures, systèmes sociaux, économiques et sanitaires. Au-delà de la simple récupération après une crise, une ville résiliente cherche à se renforcer et à apprendre des perturbations pour devenir plus durable et inclusive. Elle privilégie les solutions fondées sur la nature plutôt que sur une dépendance exclusive aux technologies. Par exemple, au lieu de construire des digues en béton contre les inondations, elle aménage des zones humides capables d’absorber l’eau. De même, pour limiter les îlots de chaleur, elle favorise la végétalisation des bâtiments plutôt que le recours massif à la climatisation. La résilience urbaine passe aussi par des services décentralisés, une cohésion sociale forte, et un engagement actif des habitants qui apportent une connaissance fine du territoire. Sur le plan économique, elle repose sur la diversité des activités pour éviter une dépendance excessive à un seul secteur, privilégiant plutôt l’économie sociale et solidaire. Enfin, une gouvernance participative et transparente est essentielle pour intégrer les valeurs et l’identité locales, tout en répondant aux défis globaux.

Comment les villes de Roumanie pourraient-elles s’en inspirer ? Et quels sont leurs atouts « naturels » ?

Contrairement aux idées reçues, une petite ou moyenne ville en déclin, en anglais « shrinking city », peut se révéler plus résiliente qu’une métropole riche et bien équipée en technologies intelligentes. Notre organisation Reper21 défend cette approche. On observe que les grandes villes, bien que dotées de ressources importantes, sont souvent plus vulnérables en raison de leur dépendance aux infrastructures technologiques et aux chaînes d’approvisionnement globalisées. Les petites villes disposent, elles, de liens sociaux solides, d’une gouvernance plus souple et d’une plus grande capacité d’adaptation. Leur taille modeste permet d’expérimenter des solutions innovantes sans trop de lourdeurs administratives. De plus, la décroissance démographique peut être une opportunité : friches industrielles réhabilitées, nouveaux modèles économiques locaux, écovillages, agroécologie et économie circulaire, autant de solutions qui favorisent une résilience ancrée dans le territoire. En Roumanie, Reper21 accompagne ces villes intermédiaires, comme Lupeni ou Turnu Măgurele, dans la construction de scénarios d’avenir partagés, loin des visions fatalistes. En misant sur la participation citoyenne, l’innovation sociale et les dynamiques locales, ces territoires démontrent que la résilience ne se mesure pas à la taille ou à la richesse, mais à la capacité d’une communauté à se réinventer pour faire face à chaque nouveau défi.

Depuis notre précédent entretien, il y a exactement un an, quel est votre état d’esprit et comment continuez-vous à garder espoir ?

Je ne raisonne pas en termes d’optimisme ou de pessimisme. Ces états fluctuent selon les époques et les individus. Ce qui compte, c’est l’action. Être actif évite de s’interroger sans cesse sur l’avenir et réduit l’inquiétude. L’action est thérapeutique, selon moi. Elle génère un espoir actif, loin d’un optimisme naïf ou d’un pessimisme paralysant. Demain, à Lupeni, j’irai avec cet espoir, nourri par des échanges authentiques et des liens humains forts. Ce n’est pas en imposant des chiffres ou des stratégies technocratiques que l’on construit la résilience, mais en misant sur des approches empathiques et participatives. En travaillant localement, avec des citoyens engagés et des pédagogies inclusives, nous bâtissons un avenir plus solide. C’est dans cette dynamique collective que naît mon espoir, notre espoir.

Propos recueillis par Charlotte Fromenteaud (02/04/25).

Note :

Notre précédent entretien avec Bogdan Gioară (« Regard, la lettre » du samedi 30 mars 2024 – reprise de l’émission « Le micro du soir » de RFI Roumanie) : https://regard.ro/bogdan-gioara/

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