Correspondant pour divers médias francophones depuis Bucarest, et membre de l’équipe de rédaction de « Regard, la lettre », Benjamin Ribout raconte ici son voyage à Siret, à la frontière roumano-ukrainienne, où il a couvert l’arrivée des réfugiés…
« Je suis parti le vendredi 25 février au matin pour Suceava et je suis rentré le mardi suivant. Je suis resté là-bas cinq jours, dans la région de Suceava et de Siret. L’idée était de couvrir ce qui se passe à la frontière avec cet afflux de réfugiés ukrainiens… Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? etc. Qu’ils nous racontent leur voyage, les obstacles rencontrés, les risques, et voir aussi côté roumain comment se passait l’accueil.
Dès que je suis arrivé, j’ai vu qu’il y avait un grand mouvement de soutien de la part de la population roumaine, avec de nombreux stands de gens venus aider et d’associations diverses qui prenaient en charge tous ces réfugiés, en leur donnant à manger, en leur demandant où ils comptaient aller.
Une sensation de bonne organisation initiée par la population civile. Les autorités roumaines sont elles arrivées à partir du troisième jour ; elles ont alors mis en place un camp pour accueillir les réfugiés, dans la commune de Siret, à environ deux kilomètres de la frontière.
Tu te rends compte que tous ces gens ont des histoires particulières, hors du commun pour nous, ils essaient de sauver leur peau, tout simplement. Il y a ces drames familiaux, avec les hommes qui sont restés en Ukraine. Les femmes, accompagnées de leurs enfants, étaient toutes bouleversées. Certains de ces réfugiés n’avaient pas l’intention de continuer leur route, mais plutôt de retourner en Ukraine pour aider les populations restées sur place, notamment à Cernăuți, ville ukrainienne qui n’est qu’à 40 kilomètres de Siret, pour l’instant préservée par la guerre.
En tout cas, ils étaient tous très reconnaissants à l’égard des Roumains.
Ce qui m’a également frappé était la grande diversité des gens qui passaient la frontière et fuyaient leur pays à pied. Il y avait tous les milieux sociaux représentés, la preuve qu’un tel événement touche absolument tout le monde de la même façon. Et puis, il y a ces étrangers non ukrainiens, la plupart des jeunes, des étudiants, qui quittent l’Ukraine à la hâte pour rejoindre leur pays d’origine, l’Inde, le Nigéria, etc., après une ou plusieurs années sur place. »
Propos recueillis par Olivier Jacques.
Note : En début de semaine prochaine, Benjamin va repartir, cette fois-ci pour Chișinău, capitale de la République de Moldavie, où la crainte d’une invasion russe s’amplifie de jour en jour.
Et voici le reportage de Benjamin à Siret publié dimanche dernier dans le quotidien français Ouest-France :