Depuis 25 ans, Paris est plus proche grâce à Radio France Internationale (RFI), qui vient de fêter son quart de siècle en Roumanie. Rencontre avec Cécile Mégie, directrice de RFI.
Regard : Comment appréciez-vous l’évolution de l’antenne RFI Roumanie ?
Cécile Mégie : Cette radio est née de l’esprit de la révolution roumaine et a eu un rôle très important, elle a apporté aux Roumains un média où la confrontation des points de vue, l’ouverture sur le monde et les débats étaient au cœur de la ligne éditoriale. Nous avons toujours été à l’écoute de la société roumaine, de la façon la plus large possible. En 25 ans, RFI Roumanie est devenue la première radio des leaders d’opinion, et nous touchons un million d’auditeurs hebdomadaires. C’est une performance dont je suis très fière. Au bout de 25 ans, RFI marque vraiment le paysage médiatique roumain.
La ligne éditoriale a-t-elle changé ou est-elle en train de se modifier ?
Non, la ligne éditoriale est la colonne vertébrale de notre média. RFI est un média de service public, indépendant, dont l’actualité est l’un des piliers. C’est aussi un media généraliste car nous avons des magazines de décryptage, de politique, de musique… La musique occupe une place importante sur notre antenne. Mais ce qui caractérise sans doute le plus notre ligne éditoriale, c’est l’ouverture sur le débat, sur la confrontation d’idées, sur les échanges, surtout dans des moments où la jeunesse a été attaquée dans sa liberté et dans son mode de vie. Dans un moment où l’obscurantisme et les dogmes s’expriment de façon barbare, nous sommes là aussi pour fraterniser, pour expliquer la France, et pourquoi elle se trouve au centre de ces perturbations mondiales. Concernant l’information, il s’agit avant tout d’une information vérifiée, fiable et marquée par son sérieux. Les auditeurs savent faire la différence entre ce qui est la manipulation et la vraie information.
Les communautés de Français expatriés se développent et souvent leurs références médiatiques sont RFI, TV5 et France 24. Comment le prenez-vous en compte ?
Pour les communautés françaises à l’étranger, je pense qu’on a un double rôle : quand on s’expatrie, on a toujours envie d’être un petit peu relié à son pays, c’est pourquoi le F de RFI vient de France. Nous avons des rubriques destinées à ces communautés, Vivre ailleurs, par exemple, est une chronique hebdomadaire. Ces communautés de Français de l’étranger à la fois augmentent et se diversifient. Il s’agit non seulement de professionnels expatriés, mais aussi d’étudiants, de jeunes entrepreneurs. RFI, c’est vraiment les voix du monde qui s’entendent sur nos antennes.
Quelles perspectives pour RFI Roumanie ?
En termes de contenu, d’expertise, de sérieux, le travail n’est pas simple. Il y a peut-être deux directions vers lesquelles nous souhaitons orienter RFI Roumanie. Nous pensons qu’il serait bien que le nombre d’émetteurs augmente (il y en a quatre actuellement, ndlr). La qualité de la radio est reconnue, il est donc normal que plus de Roumains puissent en bénéficier. Nous souhaiterions mettre en place encore trois ou quatre émetteurs dans le pays. Le second axe est lié au développement technologique des médias. L’évolution qu’il faut conduire se trouve dans l’univers numérique : que la vidéo soit accessible aussi sur nos sites, créer des applications qui soient plus valorisées et plus nourries, utiliser des formes d’expression différentes, comme le web documentaire, les animations. Mais sans jamais transiger sur le sérieux du contenu.
En quoi RFI Roumanie se différencie-t-elle des autres antennes de votre radio ?
Mis à part le français, RFI émet en 14 langues, depuis Paris. RFI Roumanie est entre les deux capitales, c’est peut-être l’une des particularités. Mais RFI Roumanie est aussi précurseur d’une stratégie : elle diffuse 13 heures par jour en roumain et 11 heures en français. C’est un format que nous sommes en train de développer aussi pour d’autres langues. Nous avons créé en juin 2014 une petite antenne d’une heure et demie en cambodgien. Aujourd’hui, nous diffusons onze heures d’antenne en cambodgien et le reste en français. Et ça fonctionne. Devrions-nous dupliquer davantage le modèle roumain ? C’est en tout cas une façon d’avoir à la fois la référence et la proximité.
Propos recueillis par Mihaela Cărbunaru (décembre 2015).