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Entretien réalisé le dimanche 19 octobre dans la soirée, par téléphone et en roumain (depuis Cluj-Napoca).


À l’approche du prochain congrès du PSD, Bogdan Radu, lecteur à la Faculté des sciences politiques, administratives et de communication de l’université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca, se penche sur la coalition au pouvoir en Roumanie et ses chances de survie…

Malgré des opinions divergentes sur beaucoup de sujets, la coalition au pouvoir* est-elle solide ?

Il s’agit d’une coalition de circonstance. Dans d’autres conditions, je ne sais pas si elle aurait pu exister ou aurait pris la forme actuelle. Elle répond surtout à la nécessité de contrer d’autres influences, et de gouverner. Quant à savoir si elle est solide ou pas, seul l’avenir le dira. Les dissensions au sein de chaque parti, combinées à celles entre les partis, peuvent à tout moment entraîner des problèmes. Et puis il y aura bientôt le congrès du PSD – le 7 novembre, quand le nouveau chef du parti sera désigné, ndlr. Ceci étant, il me semble clair que les divergences au sein de cette coalition sont nettement moins importantes que la différence entre ce qui les unit et les autres partis « antisystème ». On ne peut nier l’intention de créer un groupe solide face à certains dangers, je pense évidemment à l’extrême droite. Et je crois, ou du moins j’espère, que cette même intention rendra la coalition encore plus forte. Par ailleurs, l’idéologie n’est plus un prisme approprié pour appréhender les réalités vécues par les électeurs, influencés par d’autres facteurs. Même s’il subsiste des divergences idéologiques au sein de la coalition, selon moi elles ne devraient pas poser de soucis majeurs. Je ne suis pas convaincu qu’elle tiendra, mais pour l’instant, le contexte et les circonstances la maintiennent quasi fonctionnelle.

* La coalition au pouvoir en Roumanie inclut le Parti Social Démocrate (PSD), le Parti National Libéral (PNL), l’Union Sauvez la Roumanie (USR), l’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR), et le Groupe des minorités nationales (ndlr).

La coalition doit toutefois faire face à de fortes pressions de la part de divers secteurs de la société civile suite aux mesures prises afin de redresser l’économie…

Quand on observe les données relatives à l’opinion publique sur la confiance de la population dans les institutions politiques, la méfiance prédomine, et ce depuis longtemps. En Roumanie, les gens font surtout confiance à l’armée et à l’Église, mais ce ne sont pas à proprement parler des institutions politiques. Et cette méfiance vis-à-vis du pouvoir, ce ressentiment, risque effectivement de s’aggraver suite aux mesures mises en avant par la coalition pour redresser l’économie. Du coup, les gens pourraient se tourner davantage vers les formations « antisystème ». À terme, c’est le risque majeur auquel se confrontent les forces démocratiques du pays, une équation très compliquée à résoudre. D’un autre côté, la population ne semble pas prête à la révolte, je m’attendais à plus de protestations. Cela signifie que certaines de ces mesures impopulaires pourraient résister à l’épreuve du temps, telles que celles liées aux magistrats et à leur retraite, ou à la réforme de l’administration locale.

AUR* pourrait-il devenir majoritaire au Parlement ?

D’après les prévisions, il y a de fortes chances qu’il le devienne, mais nous savons que ces prévisions sont influencées par de nombreux facteurs dont certains sont encore imprévisibles à l’heure actuelle. La montée en puissance des partis « antisystème », notamment ceux d’extrême droite, est un phénomène mondial. Ce qui se passe chez nous s’inscrit dans une tendance plus large. AUR a très bien joué la carte de la polarisation et du mécontentement, ce qui lui permet de bénéficier d’un certain soutien. D’un autre côté, on a du mal à envisager sa capacité à gouverner, et ses positions sur différents sujets restent opaques. Il n’y a qu’en matière de politique étrangère que son discours soit relativement clair. Quoi qu’il en soit, le danger est bien là, et la société est très polarisée. Mais encore une fois, il est à mon sens encore trop tôt pour sonner le glas de la coalition au pouvoir.

Propos recueillis par Carmen Constantin (19/10/25).

* Alliance pour l’unité des Roumains, parti extrémiste.

Note :

Cet entretien suit notre précédent échange au début de l’été avec le politologue Andrei Ţăranu sur la situation politique en Roumanie (« Regard, la lettre » du samedi 5 juillet 2025) : https://regard.ro/andrei-taranu-3/

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