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Entretien réalisé le mardi 20 mai dans la matinée, par téléphone et en roumain (depuis Vienne).


Inclusion sociale, aide aux migrants et aux réfugiés… Dans ce nouvel échange, Iris Alexe, présidente de l’association Novapolis, analyse certains des défis majeurs de la Roumanie dans un contexte de montée de l’extrémisme…

On entend beaucoup que l’une des tâches du nouveau président récemment élu Nicușor Dan sera de bâtir une société plus inclusive. Selon vous, quelles sont les urgences à cet égard ?

Effectivement, le président est confronté à de nombreux défis, et, si l’on regarde les indicateurs concernant la pauvreté qui placent la Roumanie à la queue du classement européen, on se rend compte de l’ampleur de la tâche. Je citerais le chômage au sein des jeunes, le bas niveau des revenus qui fait que nombre d’employés ont du mal à satisfaire leurs besoins premiers, ou encore la pauvreté touchant les enfants. À ce sujet, nous devons réfléchir non seulement au présent mais aussi aux générations suivantes, à l’avenir du pays, et investir davantage dans des domaines cruciaux comme la santé, l’éducation, et, plus généralement, la qualité et l’accessibilité des services sociaux. Ce que je vous dis n’est pas nouveau, on le sait, mais vous m’avez demandé de citer quelques urgences, ce sont les mêmes qui reviennent, année après année. Et plus que jamais, on doit s’atteler à les traiter. Le président sera en outre appelé à se pencher sur la gestion des migrations, un domaine particulièrement sensible depuis quelques années. Ces derniers mois, le discours public s’est surtout centré sur la diaspora, sur ces Roumains partis travailler à l’étranger, beaucoup moins sur les autres aspects du phénomène. Car la migration inclut également les réfugiés ukrainiens, les demandeurs d’asile provenant de différentes zones de guerre, ou encore les étrangers recrutés par la Roumanie pour couvrir son déficit de main-d’œuvre. Lorsqu’on évoque cette question, il est essentiel de mettre l’accent sur l’inclusion, aussi bien des immigrés que des Roumains rapatriés. D’ailleurs, les enfants issus de ces deux catégories rencontrent à peu près les mêmes difficultés lorsqu’il s’agit d’intégration dans le système scolaire.

Pour l’instant, comment qualifieriez-vous la gestion de la migration par l’État roumain ?

Afin d’atteindre son but, l’aide aux migrants et aux réfugiés doit se baser sur une étroite coordination entre les autorités et les ONG, et cibler leur inclusion à long terme, ce qui représente beaucoup plus qu’un simple soutien immédiat. Il est nécessaire de bien planifier les programmes et de travailler ensemble car, malheureusement, les bénéficiaires des différentes politiques publiques ne sont pas toujours invités aux débats les concernant, même si les ONG sont leur porte-voix. Je tiens toutefois à souligner que le soutien accordé par la Roumanie aux réfugiés ukrainiens peut être considéré comme un exemple de bonnes pratiques au niveau européen. Il vise, d’une part, à aider les nouveaux venus, et, de l’autre, à faciliter l’accès aux services publics pour ceux se trouvant sur le territoire roumain depuis un certain temps. Il permet ainsi aux réfugiés de bénéficier des mêmes aides que les ressortissants roumains. Des efforts sont certes encore à faire pour rendre ces services plus adéquats aux besoins des réfugiés, pour les personnaliser et éliminer certaines barrières, par exemple vis-à-vis de la reconnaissance des diplômes d’études. Enfin, le système public est tel qu’on le connaît, avec ses défaillances et ses ressources insuffisantes ; c’est là qu’interviennent les ONG qui proposent un appui complémentaire.

La montée en puissance des discours d’extrême droite vous inquiète-t-elle ?

Je voudrais tout d’abord souligner que l’immigration est un avantage pour la Roumanie, tant d’un point de vue démographique que du marché du travail. Or, en effet, les discours anti-migrants ont le vent en poupe non seulement chez nous, mais dans toute l’Europe. L’important est d’essayer de comprendre l’origine, les causes de tels discours. L’association Novapolis a mené une étude sur l’image des migrants et des réfugiés dans les médias et sur les réseaux sociaux, et on a constaté un écart entre l’attitude envers les étrangers que nous rencontrons dans notre communauté, par exemple le médecin que nous consultons ou le serveur au restaurant, et les discours propagés sur les réseaux sociaux. L’un de nos projets vise précisément à lutter contre la désinformation, à démonter des mythes visant les réfugiés, comme l’allégation selon laquelle les allocations destinées aux enfants ukrainiens seraient supérieures à celles dont bénéficient les enfants roumains. Il faut éduquer, il n’y a que ça.

                                Propos recueillis par Mihaela Rodina (20/05/2025).     

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