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Entretien réalisé le samedi 4 octobre dans la soirée, par téléphone et en roumain.


Après la victoire du courant pro-européen en république de Moldavie et les nombreuses incursions russes dans l’espace aérien européen, Dan-Florin Grecu, général de réserve et président de l’Association des officiers de réserve de Roumanie, décrypte la situation sécuritaire dans la région…

Lors des élections récentes, la Russie a tenté de déstabiliser la Roumanie et la république de Moldavie. Quelle stratégie adoptera-t-elle après les échecs enregistrés dans ces deux pays ? Et toujours plus de drones survoleront-ils l’Europe ?

Toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre de la guerre hybride que mène la Fédération de Russie depuis longtemps, en particulier contre les pays qui faisaient partie de l’Union soviétique, c’est-à-dire les pays baltes, l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie. Dans le cas de l’Ukraine, les autorités russes exploitent les divergences historiques, et veulent s’emparer de ressources économiques de manière violente. La Russie continuera à mener une guerre hybride, non seulement contre ces pays, mais aussi contre la Roumanie, la Pologne et d’autres États européens. L’intérêt de Moscou est, d’une part, de propager ses idées, son idéologie, son influence et son « droit » dans l’espace ex-soviétique ainsi que dans l’espace de l’ancien Pacte de Varsovie, et, d’autre part, de semer l’inquiétude et la méfiance sur l’ensemble de l’Europe. De ce point de vue, les Russes sont très actifs, très agressifs, non seulement dans le champs informationnel, mais aussi physiquement avec des drones et des avions de chasse survolant des espaces aériens étrangers sans autorisation. Tout cela afin de générer de l’insécurité chez les citoyens européens et de la méfiance envers les structures dirigeantes. La raison principale de ces agissements ? Presque partout en Europe, les leaders soutiennent l’Ukraine. Et en ce moment, le problème ukrainien fait très mal au président russe. Bien que Vladimir Poutine remporte quelques succès militaires de maigre envergure, plutôt pas à pas, il se voit contraint de subir la riposte des Ukrainiens, en particulier contre les infrastructures de traitement des produits pétroliers, ainsi que les sanctions qui sont en vigueur depuis trois ans et demi et qui affectent l’économie de son pays. Ce n’est probablement pas un hasard si les attaques actuelles visent les installations ukrainiennes de production d’électricité ou de transport de gaz. Le « général hiver » arrive et, sans électricité, sans gaz, beaucoup de gens en Ukraine et ailleurs vont vivre dans des conditions épouvantables.

Après les élections législatives en Moldavie, la présidente Maia Sandu a évoqué une possible intégration dans l’Union européenne sans la région séparatiste de Transnistrie*. De son côté, Moscou a coupé l’approvisionnement en eau chaude et en combustible de cette même région qui a majoritairement voté en faveur de la voie pro-européenne. Comment voyez-vous son avenir ?

Effectivement, bien plus qu’auparavant, les citoyens de Transnistrie, et pas nécessairement ceux de nationalité roumaine, ont voté pour la voie pro-européenne. Ceci étant, si la solution d’une adhésion à l’UE sans la région de Transnistrie peut être envisagée, avant cela il faudrait clarifier le statut de cette soi-disant république non reconnue internationalement. Depuis la guerre du début des années 1990 et la présence de la quatorzième armée russe sur son sol, la région est restée un satellite de Moscou, a bénéficié du soutien des Russes et, dans une large mesure, a essayé de faire ce que nous, les Roumains, appelons « le mouton docile [qui] tète deux brebis » (mielul blând suge la două oi, ndlr). Une grande partie du commerce extérieur transnistrien s’est développée avec les pays européens, notamment via le port d’Odessa. Avec le déclenchement de la guerre d’invasion de la Russie en Ukraine, ces exportations n’ont plus été possibles, car tous les couloirs de communication passaient soit par la Moldavie, soit par l’Ukraine. Or, dans un contexte où la Transnistrie restera isolée entre une Moldavie européenne, voire membre de l’UE, et une Ukraine qui, espérons-le, recouvrera son territoire d’avant autant que possible à l’issue du conflit, la Transnistrie dépendra entièrement de l’aide qu’elle recevra ou non de la Fédération de Russie.

* Rappel de l’histoire de la Moldavie et de la Transnistrie sur le lien suivant : https://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Moldavie/133596

Le président turc Recep Tayyip Erdoğan tente de s’imposer comme médiateur. Plus largement, quel rôle voyez-vous pour le dirigeant d’Ankara et pour la Turquie au sein de l’Otan ?

Erdoğan a réussi à s’imposer en tant que négociateur important dans le conflit en Ukraine, et pas seulement, il a également beaucoup d’influence sur tout ce qui se passe au Proche-Orient. Il tente aussi de devenir un leader du monde musulman, mais cela ne lui réussit que partiellement compte tenu de l’influence d’autres États beaucoup plus puissants et disposant de ressources bien plus importantes. Au sein de l’Otan, la Turquie a adopté une position qui, à un moment donné, a conduit à la suspension de son accès au programme F-35 suite à l’acquisition de systèmes de défense aériens S-400 auprès des Russes. Quoi qu’il en soit, la Turquie reste un partenaire majeur au sein de l’Otan. Elle doit être utilisée comme une force de stabilité dans la région de la mer Noire, car mise à part la flotte russe, certes bien diminuée par les Ukrainiens, la flotte turque est la seule à pouvoir équilibrer la balance jusqu’à ce que les flottes roumaine et bulgare aient une capacité suffisante pour défendre leurs propres côtes. On peut donc s’attendre à ce que la Turquie continue à participer à l’Otan depuis la position qu’elle occupe actuellement, c’est-à-dire celle de deuxième armée de l’Alliance. On peut également s’attendre à ce que les Turcs se montrent beaucoup plus agressifs sur le plan extérieur, vis-à-vis d’Israël et la guerre à Gaza, concernant la situation en Syrie, ou encore la question des Kurdes, qu’ils se trouvent en Turquie ou hors des frontières.

Propos recueillis par Carmen Constantin (04/10/25).

Note :

Du 20 octobre jusqu’au 13 novembre, plus de 5000 soldats participeront au DACIAN FALL 2025 Multinational Exercise (DAFA 25) en Roumanie et en Bulgarie. Pour plus d’informations, visitez le lien suivant : https://english.mapn.ro/cpresa/6577_nato-conducts-%E2%80%9Cdacian-fall-2025%E2%80%9D-multinational-exercise-in-romania-and-bulgaria

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