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Entretien réalisé le jeudi 29 mai dans la matinée, par téléphone et en roumain.


Bogdan Suditu est maître de conférences et président de la Commission technique d’urbanisme et d’aménagement du territoire à la mairie de Bucarest. Il évoque les enjeux à venir pour la capitale…

Quelles sont les urgences pour la mairie de Bucarest ?

Le défi numéro un concerne la réforme administrative, plus précisément la clarification des compétences entre la mairie générale et les mairies d’arrondissements (les « secteurs » en roumain, ndlr). Cela en matière d’urbanisme, mais pas uniquement. De là doit découler, entre autres, l’allocation correcte des budgets. Jusqu’à présent, la mairie générale s’est retrouvée avec un grand nombre de prérogatives très onéreuses. La première d’entre elles étant le chauffage collectif, mais aussi la mobilité, c’est-à-dire les transports publics. Le fait que ces coûts n’aient pas été partagés entre la mairie générale et les arrondissements a freiné un développement cohérent et durable. Cette réforme, proposée par le désormais ancien maire Nicuşor Dan et approuvée par les Bucarestois lors du référendum de la fin de l’année dernière – qui stipule notamment que ce soit le Conseil général qui gère les autorisations de construction et autres collectes d’impôt, ndlr –, reste la priorité numéro un pour Bucarest. Elle attend d’être traduite en loi. Monsieur Dan étant désormais à la tête de l’État, il devrait faciliter les choses dans ce sens, et ce quel que soit le maire qui prendra sa succession. Je dirais donc que nous sommes en droit d’espérer des compétences et des budgets mieux répartis, mais aussi davantage de cohérence en matière d’investissements.

Où et comment diriger ces investissements ?

En premier lieu, il ne faut plus les cloisonner, et traiter l’urbanisme et la mobilité de manière séparée, par exemple. Au même titre que le logement, la qualité de vie ou les espaces verts, la mobilité s’inscrit dans une vision urbanistique au service d’un développement durable. Encore une fois, à travers le référendum approuvé, c’est le Conseil général de la mairie de Bucarest qui doit désormais décider de la répartition des budgets entre la mairie générale et les arrondissements. En d’autres termes, chacun peut soumettre des projets, par exemple pour refaire des rues ou gérer des espaces verts, mais ce sera au Conseil général de coordonner les investissements afin qu’il y ait des pratiques et des coûts uniformes. Et que tout se passe de façon plus harmonieuse. Prenez l’extension des réseaux de transport public ; elle doit être un prérequis pour tout nouveau quartier résidentiel. Il s’agit de mettre de l’ordre dans un désordre administratif qui n’a cessé d’empirer depuis le début des années 2000, avec une administration municipale et six arrondissements ayant chacun des visions et des actions divergentes. Cela a eu un impact très négatif sur la ville. Autre exemple, chaque secteur a ses propres règles de stationnement, comment s’y retrouver ?

Dans les années qui viennent, vous attendez-vous à une continuité avec ce que Nicuşor Dan a entrepris ?

Oui. Quand il a été réélu l’année dernière, il s’est engagé, entre autres, sur la modernisation de 50 km de lignes de tramway et l’achat de 250 trams dans les quatre prochaines années. Les acquisitions de moyens de transport public respectueux de l’environnement vont dans le bon sens, et elles vont se poursuivre. Même chose pour la modernisation du système de chauffage urbain. Je m’attends aussi à ce que de nouveaux fronts soient ouverts, mais là, cela dépendra du prochain maire, des ressources financières qu’il aura à disposition et du cadre juridique. Et comme je l’ai déjà mentionné, il est d’après moi essentiel d’envisager le développement de la capitale de façon intégrée, c’est-à-dire en reliant la mobilité, la qualité de l’air, la gestion des déchets, celle du patrimoine, le tourisme, etc. Une vision qui doit être élargie à l’ensemble de la métropole, en partant du centre-ville. Je parlais de cohérence entre les quartiers périphériques, c’est aussi valable pour le centre historique où se trouvent des zones protégées qui ont besoin de ressources et de politiques publiques bien pensées. Il s’agit de l’identité de la ville, il faut y investir, réhabiliter. Cela doit partir de la mairie générale puis ruisseler vers les mairies locales. À l’exception du secteur 6, tous les autres secteurs possèdent un bout du centre historique, lequel a été négligé car beaucoup d’argent a été investi dans les anciens quartiers communistes où se trouvent la plupart des électeurs. Le centre-ville s’est donc vidé de sa population, faute d’investissements. Dans certains endroits, seuls 10% des logements sont occupés, c’est grave. Il faut absolument redynamiser le centre-ville de Bucarest.

Propos recueillis par Benjamin Ribout (29/05/25).

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