Dimanche 4 juin, 9h30 du matin. J’ouvre mon ordinateur et je lis les dernières informations. À Londres, la veille au soir, un attentat terroriste a fait huit morts et des dizaines de blessés. Après quelques minutes, je me dirige vers la fenêtre. J’ai besoin de prendre l’air. Comme chaque matin à la même heure, un ballet d’une trentaine de pigeons se met en place, tournoyant au-dessus des vieilles bâtisses bucarestoises de la rue Plantelor, parfaitement synchrones. Juste à côté, des hirondelles fusent dans tous les sens, et s’amusent à se poursuivre en changeant brusquement de direction. Avec élégance, une mouette vole d’est en ouest, le battement d’aile lent et souple, sereine dans sa course au milieu de ses cousins un peu fougueux. Au sommet des tilleuls qui longent la rue, des moineaux s’occupent eux aussi de couvrir et découvrir leur espace, le vol plus court, plus fragile. Mais comme les hirondelles et la mouette, ils savent évoluer dans leur partie du ciel sans perturber les autres trajectoires. Même les quelques corneilles noires qui trônent avec arrogance en haut des lampadaires, le bec droit et long, les plumes ébouriffées, ne semblent guère déranger. Certes, cet autre monde aura ses codes, mystérieux, le ciel n’est sans doute pas aussi calme qu’il en a l’air. La musique qui se dégage de tous ces volatiles est cependant douce, harmonieuse. Je referme la fenêtre et retourne à mon ordinateur, attristé et fatigué par l’actualité, souvent dramatique. Et je me demande pourquoi les hommes ne prennent pas davantage exemple sur ce qui se passe juste au-dessus de leur tête.
Laurent Couderc (juin 2017).