Entretien réalisé le lundi 13 mars en fin d’après-midi, par téléphone et en roumain.
Victoria Balint, originaire de Craiova et diplômée de l’université de Cluj, habite Oradea depuis 21 ans. Elle y dirige la troupe Iosif Vulcan du Théâtre Regina Maria. Dans cet échange, elle parle de sa ville d’adoption…
Pourquoi aimez-vous vivre à Oradea ?
Oradea a l’avantage de se trouver près de la frontière avec la Hongrie. On est donc à trois heures de route de Budapest, et à cinq heures de Vienne. Ce rapprochement se reflète dans l’héritage architectural de la ville qui, en 2022, a été désignée par la publication European Best Destination comme étant la plus belle destination Art Nouveau d’Europe, devançant Budapest et Barcelone. C’est une ville de 200 000 habitants qui a fait partie de l’Empire austro-hongrois, avec des édifices magnifiques de style Art Nouveau mais aussi Renaissance, et où les Roumains cohabitent avec des Hongrois, des Italiens, des Slovaques… Il s’agit d’une destination très touristique, calme, traversée par la rivière Crișul Repede dont les berges ont été transformées en chemin de promenade.
Comment la ville a-t-elle évolué ces dix dernières années ?
Oradea est championne en termes d’absorption des fonds européens. On y a beaucoup investi dans les infrastructures, mais également dans la rénovation et la conservation du patrimoine. C’est une ville propre, colorée, avec de nombreuses zones piétonnes et qui espère devenir bientôt une ville dite « intelligente ». Il y a quelques années, la mairie a lancé un programme de rénovation des bâtiments historiques en proposant aux propriétaires des crédits sans intérêt sur cinq ans, une exonération d’impôt, et une subvention de 20% sur le total des travaux pour qu’ils remettent à neuf leur façade. Dans le cas contraire, ils risquaient une surimposition. Par ailleurs, la mairie et le Conseil départemental de Bihor envisagent de créer une compagnie aérienne. Pour l’instant, Air Oradea est en phase de projet, mais je fais confiance aux autorités locales et je suis persuadée que cette initiative se concrétisera.
Quelles sont les choses qui vous plaisent moins ?
Dernièrement, les autorités se concentrent beaucoup sur les touristes qui se voient offrir des entrées gratuites aux différents musées de la ville à condition de passer plus de deux jours à Oradea. Or, je pense qu’il faudrait que ces facilités soient aussi mises en place à l’intention des habitants. Ce sont eux qui paient des taxes et des impôts, qui subissent les inconvénients de tous les travaux de rénovation et de construction, il serait donc normal qu’ils voient leurs efforts récompenser.
Propos recueillis par Ioana Maria Stăncescu.