Petit tour d’horizon du secteur agro-industriel en Roumanie avec Petru Alexe, professeur en ingénierie et membre correspondant de l’Académie des sciences agricoles et sylvicoles de Bucarest…
Comment l’industrie agroalimentaire s’est-elle organisée et développée ?
Jusqu’en 1989, la Roumanie était organisée en collectivités affiliées aux sociétés agricoles d’État. Certaines d’entre elles s’étendaient sur de très grandes superficies, et travaillaient dans le cadre de plans nationaux. Puis la révolution de 1989 est arrivée. Cette rupture a conduit à un contrôle défaillant des cultures et des élevages, et donc à une chute de l’activité. L’industrie agroalimentaire s’est éparpillée, avant de se reconstituer lorsque les agriculteurs se sont rassemblés autour de quelques entreprises emblématiques leur permettant d’être plus compétitifs à l’export. Mais pour devenir de nouveau une place forte aux niveaux agricole et agroalimentaire au sein de l’Union européenne, la Roumanie doit désormais changer sa manière de procéder. Il faudrait renoncer à l’export des matières premières et privilégier leur transformation sur le sol roumain, afin de les vendre ensuite à l’étranger.
Comment la Roumanie veille-t-elle à la qualité de ses exportations ?
L’industrie de la viande en Roumanie est une industrie très bien contrôlée par l’Autorité nationale de santé vétérinaire et pour la sécurité alimentaire (ANSVSA, ndlr). Dans le même temps, nous sommes soumis à toutes les normes réglementaires des autorités de contrôle, que ce soit au sein de l’Union européenne ou aux États-Unis. Aujourd’hui, en Roumanie, les règles sanitaires sont les mêmes pour un abattoir où l’on tue cinq à dix animaux par jour que pour celui où l’on en tue 10 000. Et il est obligatoire de tout enregistrer pour que la traçabilité des produits puisse être aisément surveillée.
Quels changements attendez-vous ?
En ce moment, nous travaillons sur une meilleure information nutritionnelle, notamment via l’introduction d’un code QR à scanner pour tous les produits agroalimentaires. Cette extension des indicateurs nutritionnels répond à une législation européenne sur l’étiquetage des aliments. Au moment de l’achat, ce code permettra à l’acheteur d’avoir accès à tous les détails qu’il ne peut pas trouver sur l’étiquette d’un produit. Par ailleurs, l’économie circulaire représente un autre développement très important pour l’industrie agroalimentaire, avec la perspective de respecter davantage l’environnement, et de faire en sorte que plus rien ne soit rejeté dans la nature grâce à l’utilisation de toutes les ressources à disposition, sans gaspillage.
Propos recueillis par Sylvain Moreau.
À voir, le film Natura Umană (2021) d’Eduard Nistru et Diana Muscă, premier documentaire roumain sur les relations entre l’homme et les autres animaux : https://www.youtube.com/watch?v=IGwx2ByvSm4 (sous-titré en français).