Samedi 3 mai, parc Herăstrău de Bucarest. Il y a peu de monde, beaucoup sont partis à la mer. Vélos et patins à roulettes se faufilent tranquillement entre les passants. La température est idéale pour se promener, 23 degrés environ, le soleil doux. J’entre dans le jardin japonais que je ne connaissais pas, au sud du parc. De jeunes couples sont allongés au pied de petits arbres, des rires discrets transpercent une atmosphère légère. Les oiseaux chantent. Au bord du lac, trois pêcheurs attendent patiemment que ça morde. Mais ils ne semblent pas s’en soucier, l’important est d’être là, près de l’eau, la canne à la main. Je m’assois sur un banc. Une famille passe devant moi, le pas lent, les deux petits frères d’à peine cinq ou six ans regardent avec curiosité les pêcheurs, sans dire un mot. Quelques mètres derrière eux, un couple de personnes âgées se tiennent par le bras. Lui a un peu de mal à marcher, mais reste digne. Leurs habits sont impeccables, un peu rétro, très élégants. Arrive une bande d’adolescents, plus bruyante évidemment, mais surtout joyeuse. J’apprécie le tableau, quatre générations qui se suivent, chacune dans son rôle, chacune en accord avec ce qu’on attend d’elle, chacune respectant la liberté de l’autre de déambuler à son gré au sein du même espace. Un tableau qui se retrouve dans tous les parcs publics de Roumanie. Je me dis que ces lieux de verdure sont importants, et même uniques. Mis à part eux, il n’y a que dans les grands centres commerciaux que tous les habitants d’une même ville se retrouvent. A la différence que dans un parc, rien ne peut être acheté sauf des glaces ou des bâtons de maïs grillés. Il n’y a rien à se procurer, on fait simplement le tour du lac. Je me dis aussi que la « vraie Roumanie » est là, devant moi, sereine, souriante et respectueuse. Une Roumanie paisible.
Laurent Couderc (mai 2014).