Entretien réalisé le mardi 1er février en fin d’après-midi, par téléphone et en roumain.
Éprise de Iaşi et de journalisme culturel, Oana Lazăr est connue du grand public pour son émission Iaşii marilor iubiri (Le Iaşi des grands amours), diffusée sur TVR Iaşi. Dans cet entretien, elle parle de son métier, et de sa ville natale…
Comment vivez-vous la profession de journaliste en étant à Iaşi ? Quels sont les avantages et les inconvénients ?
Le principal inconvénient de faire du journalisme dans une ville où habitent moins de 300 000 personnes, c’est que tout le monde connaît tout le monde. Du coup, les gens se méfient de dire vraiment ce qu’ils pensent quand on leur demande leur opinion, ils ont du mal à être sincères, l’imposture est plus visible que dans une plus grande ville. Mais en ce qui me concerne, j’ai la chance de faire du journalisme culturel, ce qui me permet notamment de filtrer la réalité selon ma propre sensibilité. Je suis irrémédiablement amoureuse de ma ville, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je n’ai pas voulu émigrer.
Comment Iaşi s’est-elle transformée ces vingt dernières années ?
Au risque d’être subjective, je dirai qu’un des premiers changements bénéfiques fut l’ouverture d’une première antenne locale de la télévision nationale, il y a trente ans déjà. Après, il y a toute une liste de monuments qui ont été rénovés plutôt correctement. Exemples, le Palais de la culture, le Théâtre national, ou le Palais Cuza. En revanche, la ville manque toujours d’une meilleure salle pour l’orchestre philharmonique, ou encore d’un opéra, d’un stade, d’une patinoire, ou même d’une salle polyvalente. À force de vivre dans l’un des plus importants centres culturels de Roumanie, les habitants de Iaşi ont de grandes attentes ; les autorités locales devraient essayer de les satisfaire. Le fait que des événements tels que le Filit (Festival international de littérature et de traduction, ndlr), ou encore celui de théâtre pour le jeune public aient lieu à Iaşi montre le rôle culturel de cette ville.
Qu’attendez-vous de la part des autorités locales ?
Je voudrais qu’elles fassent preuve de plus de cohérence dans leurs décisions administratives, et qu’elles pensent au-delà de leur mandat. J’aimerais aussi qu’elles aient une vision d’ensemble ; il est dommage que Iaşi ne soit vue que comme une succession de quartiers gravitant autour du centre-ville. Je crois qu’il faudrait davantage de cohérence, encore une fois, dans les décisions urbanistiques censées offrir à la ville un aspect unitaire. Autre chose, nous avons un aéroport qui se dit international, mais il ne répond pas du tout aux standards internationaux. Et l’infrastructure des écoles et des hôpitaux est trop vétuste. Enfin, j’adorerais que la vie culturelle soit si intense qu’en fin de journée, je regrette de ne pas avoir eu le temps de tout voir ni de tout faire.
Propos recueillis par Ioana Stăncescu.