Ionuț Țața, fondateur et directeur général de la société en conseil et développement technologique Iceberg, basée à Brașov, livre les secrets d’une « smart city »…
On entend de plus en plus souvent parler du concept de « smart city ». Comment le définiriez-vous ?
Il y a d’abord une différence entre tout ce qui concerne la numérisation des administrations publiques et les projets liés au développement d’une « smart city » (ville intelligente, ndlr). À mon sens, ce qui se passe à l’intérieur des murs d’une mairie ou d’une institution publique relève de la numérisation, alors que ce qui concerne l’extérieur fait partie de l’idée de ville intelligente. Ce concept englobe les infrastructures, l’ensemble des données numériques, et l’interaction entre une ville et ses utilisateurs, à savoir les citoyens. Cela veut dire qu’un citoyen prendra des décisions qui auront un impact sur la vie de la ville, et se verra offrir par cette même ville une meilleure qualité de vie grâce à des infrastructures numérisées et un certain degré d’automatisation. Tous les domaines peuvent être visés. En Roumanie, je citerais ceux où il y a urgence, à savoir la mobilité et l’environnement. Pour ce qui est de la mobilité, il s’agit surtout de s’intéresser à la façon dont la ville gère le trafic afin de proposer de meilleures conditions de déplacement, qu’il s’agisse des transports publics, bus, taxis, trottinettes, ou des véhicules individuels. Pour l’environnement, les projets peuvent cibler l’automatisation de l’arrosage, l’identification des zones de végétation sèche, l’installation de senseurs sur les poubelles, ou encore la mise en place d’un système de trajets recommandés pour la collecte des déchets. Dans l’absolu, le concept de ville intelligente est lié à de nouveaux modèles économiques et sociaux pour une meilleure qualité de vie.
Les autorités roumaines s’y intéressent-elles ?
Il y a un intérêt accru, bien que le niveau de compréhension reste plutôt bas. On assiste notamment à des interventions ponctuelles, des systèmes d’éclairage public aux caméras de surveillance, mais très peu de projets sont intégratifs. Il serait souhaitable que les administrations créent un bassin de compétences et un espace d’expérimentation pour les compagnies qui développent ce genre de technologies de pointe, en leur offrant par exemple une rue où elles pourraient tester leurs projets. Cela aiderait aussi bien les habitants que les administrations et les compagnies. La Commission européenne en a d’ailleurs compris la logique et va financer ce type de mesures à travers son Programme pour une Europe numérique.
Des villes roumaines sont-elles plus avancées que d’autres dans le domaine ?
Plusieurs villes ont effectivement fait des pas dans ce sens. La mairie de Iași a par exemple créé un département de « Transformation digitale et Smart city », mais les résultats concrets se font attendre. À Cluj, plusieurs projets ont été mis en œuvre, dont un système de caméras qui aide les chauffeurs à trouver un endroit où se garer. À Onești (département de Bacău, ndlr), j’ai vu un système d’arrosage des zones vertes contrôlé à distance. Les choses bougent un peu partout mais plutôt dans des domaines prévisibles, comme l’éclairage des rues ou les caméras de surveillance. Évidemment, les villes universitaires abritant des compagnies informatiques se développeront plus rapidement grâce à un effet d’entraînement.
Propos recueillis par Mihaela Rodina.