Entretien réalisé le mercredi 11 octobre en début d’après-midi, par téléphone et en roumain.
Ion Radu Zilișteanu, professeur associé à l’Académie d’études économiques de Bucarest et évaluateur de biens immobiliers, se penche sur un secteur du logement plombé par un contexte économique et régional difficile…
Comment le marché immobilier national se porte-t-il ?
Il est aujourd’hui quasiment bloqué, du fait tout d’abord de l’accès difficile aux crédits immobiliers ; les taux d’intérêt se sont envolés tandis que la Banque centrale a décidé de réduire davantage le taux d’endettement, cela afin de protéger les potentiels clients. Du coup, la demande solvable a chuté. En ce qui concerne l’offre, les promoteurs ont traversé une période difficile avec la pandémie, puis les conflits dans la région. Les prix des matériaux de construction ont fortement augmenté, car la Roumanie en importait beaucoup d’Ukraine, alors que la pandémie avait déjà interrompu les chaînes d’approvisionnement. Ces derniers mois, les prix des matériaux ont un peu baissé, sans toutefois être revenus à leur niveau d’avant. Les promoteurs qui ne veulent pas renoncer à leurs marges de profit maintiennent les prix des biens immobiliers élevés, ce qui crée un déséquilibre entre l’offre et la demande, entraînant une chute du nombre de transactions. Aujourd’hui, il est difficile de faire des prévisions, mais je ne m’attends pas à des changements notables, du moins sur le court terme. Les taux d’intérêt ne baisseront pas de sitôt alors que l’inflation demeure élevée. En attendant que cette période trouble passe, j’ai remarqué que les gens reportent la décision d’investir dans un bien immobilier, et préfèrent louer. Quant aux propriétaires qui ne sont pas sous pression pour vendre, ils reportent à leur tour leur décision et ne baissent pas leur prix. Cela a mis sous pression le marché des loyers, d’autant plus au mois de septembre, période de forte hausse de la demande de la part d’étudiants. En revanche, il est à noter que la présence de réfugiés ukrainiens, quelques dizaines de milliers, n’a eu que peu d’influence sur le marché.
Que conseilleriez-vous à un jeune à la recherche d’un logement ?
Cela dépend de ses ressources financières. Si ces dernières sont suffisantes et ne nécessitent pas de crédit immobilier, un achat n’est pas à déconseiller. Mais pour ceux, de plus en plus nombreux, dont l’emploi exige de bouger d’une ville à l’autre plusieurs fois par an, louer sera sans doute la meilleure solution, pour l’instant.
La mobilité des Roumains a-t-elle augmenté ?
Je citerais une statistique : avant 1989, un Roumain déménageait en moyenne 0,9 fois durant sa vie. Cela signifie qu’un grand nombre d’entre eux décédaient dans le logement où ils étaient nés. Mais avec le développement de l’économie, l’apparition de nouvelles industries et une demande de main-d’œuvre en hausse, la mobilité des gens, notamment des jeunes, a logiquement augmenté. Aujourd’hui, ce taux de mobilité s’élèverait à 1,4 – 1,5 en moyenne, et il continue de croître. Cette tendance influence évidemment le marché immobilier.
Propos recueillis par Mihaela Rodina.
En complément, cet article de Ziarul Financiar du 11 octobre : « Les prix des vieux appartements avec trois chambres à la hausse » (à Bucarest) :
https://www.zf.ro/companii/preturile-apartamentelor-vechi-cu-trei-camere-revin-pe-crestere-22152966