Târgu Jiu, petite ville située au sud-ouest de la Roumanie, début octobre. Il est 9 heures 30 du matin, je marche dans le parc où se trouvent trois œuvres du sculpteur Constantin Brâncuşi : la Porte du baiser, l’Allée des chaises et la Table du silence. Des monuments inestimables et indissociables, des pièces maîtresses de la culture roumaine. Je ne connais pas le travail de Brâncuşi, je le découvre, mais déjà une sensation de sérénité, douceur et paix se dégage de ces pierres taillées dans le respect de leur matière. Les angles sont légèrement arrondis, les dimensions en harmonie parfaite avec leur entourage, les formes évoquent la simplicité, la convivialité, et l’hommage à ceux qui ne sont plus là. Je suis seul dans le parc accompagné par un soleil voilé caressant. Et je n’ai plus envie de partir, séduit par l’artiste. Mais un autre monument est à voir, la Colonne sans fin, située à vingt minutes de marche, exactement dans le même axe que ces trois premières œuvres. Il n’y a presque personne dans les rues, je traverse un quartier aux maisons basses joliment entretenues, la promenade est agréable. Puis, elle apparaît, en face de moi. Entourée d’un beau gazon, la Colonne sans fin se dresse vers le ciel. Là encore, je suis frappé par les angles doux de la sculpture et son élégance, elle semble à la juste hauteur, sans doute pour cela donne-t-elle une impression d’infini. J’en fais le tour, lentement. Avant de repartir, ému par l’ensemble. Après plusieurs semaines, je me rappelle des œuvres de Brâncuşi. Et quand je vois les dégâts provoqués par l’égo de certains hommes, penser à lui me réconforte. Durant l’entre-deux-guerres, il a su montrer l’équilibre, l’harmonie, la douceur, la paix. Et l’humilité.
Laurent Couderc (octobre 2017).