Depuis 2014, l’association Teach for Romania, membre du réseau Teach For All, forme des enseignants qui travaillent avec des élèves issus de catégories vulnérables. Son experte en marketing, Giorgiana Aştefanei, dresse le bilan…
Qu’apporte Teach for Romania au système public d’éducation ?
Teach for Romania est la seule ONG qui recrute des professeurs motivés pour enseigner dans des écoles disons difficiles. Pour nous, qui avons jusqu’ici formé 120 d’entre eux appelés à faire une différence dans la vie de 20 000 élèves de 22 départements, la qualité de nos ressources humaines est fondamentale. N’importe quel diplômé ou professeur titulaire peut se porter candidat, jusqu’à ce que les meilleurs remportent les postes vacants. La collaboration avec le ministère de l’Éducation est d’ailleurs très bonne. Cette qualité de l’enseignement est directement liée à la formation et à la motivation des professeurs. La Roumanie compte des centaines d’écoles publiques jouissant de très bonnes infrastructures, mais dont aucun élève ne passe le test de fin de collège. Dans nos classes, nous voyons des élèves avec de sérieuses difficultés pour écrire ou lire, y compris dans le secondaire. Comment est-il possible qu’un élève ayant fréquenté l’école pendant sept ans ne connaisse pas toutes les lettres de l’alphabet ? Nous avons besoin d’enseignants prêts à voir le potentiel de chaque enfant, formés et disposés à travailler avec des élèves ayant parfois d’énormes lacunes et dont la situation matérielle et familiale est difficile (1).
(1) Documentaire sur Teach for Romania dans un village (6 minutes 17) : https://www.youtube.com/watch?v=Mk144qmqguI
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés ?
Les défis sont variés, tout comme les communautés au sein desquelles nous travaillons, qu’elles se trouvent en milieu rural ou à deux kilomètres de Piața Victoriei, à Bucarest. Il y a la pauvreté, l’absence d’opportunités, des enfants démotivés, ou encore des enseignants qui ne croient plus qu’ils peuvent avoir un impact sur la vie de leurs élèves. De façon générale, le problème le plus répandu est que les parents eux-mêmes doutent du potentiel de leurs enfants, tandis que ces derniers ne croient plus à l’importance de l’école. L’abandon scolaire est alors transmis d’une génération à la suivante.
Et vos principaux acquis ?
Ces sept années où nous avons été présents en Roumanie ont montré que les choses peuvent changer, que les enfants ont une chance d’avoir un avenir meilleur s’ils ont des enseignants qui s’intéressent à eux. Nous sommes optimistes car les résultats sont bons : 93% des instituteurs et enseignants soutenus par Teach for Romania estiment que leurs élèves ont amélioré leur capacité de lecture et d’écriture, tandis que neuf élèves sur dix disent qu’ils aiment aller à l’école, que leurs professeurs tiennent des cours intéressants et les encouragent à bien travailler (2). Au cœur du changement se trouve le souhait de l’enseignant d’être impliqué, d’aller au-delà des pages d’un manuel ou des murs d’une école pour que chaque année compte pour l’enfant. Enfin, je dirais que le succès scolaire dépend d’une bonne relation entre l’élève et l’enseignant, entre les élèves d’une classe, mais aussi entre les enseignants eux-mêmes.
Propos recueillis par Mihaela Rodina.
(2) https://teachforromania.org/feedback-ul-elevilor-cat-de-incurajati-se-simt-la-scoala/