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Entretien réalisé le lundi 29 janvier dans l’après-midi, par téléphone et en roumain.


Florentin Bercu, président de l’Union nationale des coopératives du secteur végétal (UNCSV) et vice-président de Copa-Cogeca, deux organisations représentant la voix des agriculteurs et de leurs coopératives au sein de l’Union européenne, fait le point sur l’agriculture roumaine et détaille les griefs des professionnels du secteur*…

Comment décririez-vous la situation de l’agriculture romaine ?

Le secteur traverse une période charnière suite aux défis accumulés ces trois, quatre dernières années, dont une grave sécheresse, l’impact de la guerre en Ukraine, et l’inflation qui a entraîné une forte hausse des coûts de production doublée d’une baisse des prix des produits agricoles. Conséquence, 30 à 40% des agriculteurs roumains se trouvent dans une situation financière difficile. Toutefois, si l’on prend un peu de recul, il est évident que globalement l’agriculture roumaine a beaucoup progressé ces quinze dernières années, notamment grâce à l’accès aux nouvelles technologies et à des équipements modernes, à de meilleurs produits de protection des plantes, ou encore à des variétés plus productives.

* Dans plusieurs villes de Roumanie, agriculteurs et transporteurs roumains ont récemment manifesté pour que l’État les soutienne davantage.

Depuis l’entrée du pays dans l’UE en 2007, l’agriculture roumaine a engrangé plus de 30 milliards d’euros de subventions européennes. Quel a été l’impact de ces fonds ?

Nous sommes des pro-Européens convaincus, mais il ne faudrait pas oublier qu’au moment de l’adhésion à l’UE, Bruxelles avait promis à la Roumanie que le niveau des subventions qui lui seraient versées atteindrait en 2027 la moyenne européenne, soit 221 euros par hectare. Or, cela n’est toujours pas le cas ; aujourd’hui, cette subvention ne représente que 85% de la moyenne. Ces fonds européens visent précisément à compenser la hausse des coûts de production générée par les contraintes législatives et autres imposées par Bruxelles. Si la Roumanie a respecté ses engagements vis-à-vis des autres États membres, ces derniers doivent pour leur part respecter les leurs et accepter une baisse de leurs subventions.

Quels sont vos principaux désaccords ? Et de quoi les agriculteurs roumains auraient-ils besoin pour devenir plus compétitifs ?

Le principal défi pour la Roumanie à l’heure actuelle est d’obtenir une dérogation sur la mise en œuvre de la BCAE 7 relative à la rotation des cultures – Bonnes conditions agricoles et environnementales, normes mises en place par Bruxelles, ndlr –, et de la BCAE 8, relative à la présence d’éléments et de surfaces favorables à la biodiversité. Nous souhaitons également une suspension de l’accord de libre-échange avec l’Ukraine, à l’origine de grandes difficultés économiques. Nous voulons bien aider les Ukrainiens, mais sans que cela aboutisse à notre propre destruction. Aujourd’hui, les poids lourds ukrainiens ont priorité dans les ports roumains au détriment des camions roumains, tandis que différentes modalités pour éluder la loi favorisent les Ukrainiens. Je ne vise pas la grande majorité des agriculteurs de ce pays ; ceux qui en profitent sont surtout quelques marchands et oligarques qui s’enrichissent aux frais de nous tous, Roumains et Européens. En Ukraine, les coûts de production sont de 40% inférieurs aux nôtres, car les agriculteurs sont autorisés à utiliser des substances interdites chez nous depuis une dizaine d’années. Ce double standard est une pratique déloyale envers les producteurs et les consommateurs de l’UE. C’est la responsabilité de Bruxelles et des autorités roumaines d’y remédier. Par ailleurs, nous aurions besoin d’un réseau national de rideaux de protection autour des cultures qui puisse assurer un microclimat favorable, de variétés de plantes et de plantes hybrides adaptées à la zone où elles sont cultivées et aux changements climatiques, ainsi que d’une stratégie européenne de l’eau, accompagnée d’investissements plus importants dans le développement du réseau d’irrigation. Pour leur part, les agriculteurs devraient s’associer au sein de coopératives afin de minimiser leurs coûts et investir dans des projets régionaux qui accroissent leur compétitivité sur le marché unique.

                                                      Propos recueillis par Mihaela Rodina.

En complément de cet entretien, nous vous conseillons l’émission d’Arte « Le dessous des cartes » sur la crise agricole en Europe (26/01/2024 – 2 minutes 30) : https://www.arte.tv/fr/videos/116705-004-A/le-dessous-des-cartes-l-essentiel/

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