« Fotbal. Realismul jocului » est une exposition interdisciplinaire qui décrypte le foot et ses multiples valeurs sociales, politiques et culturelles, à voir à la salle Floreasca de Bucarest jusqu’au 28 juin. Rencontre avec les curateurs Dana Andrei et Sorin Popescu…
Comment vous est venue l’idée de cette exposition et qu’avez-vous voulu montrer ?
L’exposition est basée sur le travail de recherche et de production du projet « CORNER fotbal + societate »*. Au sein de notre magazine, sur huit éditions, nous avons invité des auteurs de divers domaines, sciences sociales, théorie critique, littérature et cinéma, à écrire sur le foot en insistant sur des thèmes peu visibles dans les médias. Plusieurs artistes ont aussi créé, pour chaque numéro, une œuvre d’art sous la forme d’une affiche. Pour l’exposition, nous avons décomposé le stade et le jeu du foot tout en poursuivant une interprétation artistique de ses acteurs, joueurs, spectateurs, arbitres, afin de les recomposer ensuite à l’intérieur d’une salle de sport. L’idée était de développer une narration, un récit visuel sur le foot et son histoire. Nous proposons au spectateur de découvrir le foot sans se focaliser sur le ballon ou la compétition. Nous le guidons vers une analyse du contexte et de l’imaginaire de ce monde.
Plusieurs artistes ont collaboré à ce projet, dont Dan Perjovschi*. Comment l’ont-ils abordé ?
Nous avons conçu l’exposition de manière à ce que les œuvres communiquent entre elles et soient mises en valeur par le contexte dans lequel elles se trouvent. Chacune illustre un aspect visuel, conceptuel ou symbolique important pour décrypter l’exposition. Il y a des œuvres abstraites et d’autres qui ont des significations concrètes. Chaque création, que ce soit de la peinture, de la sculpture, de l’art vidéo ou du son, occupe une position claire que nous mettons en valeur. Il y a aussi un aspect historique représenté par des photos d’archives, ou la bibliothèque installée dans un coin de la salle où nous présentons les ouvrages utilisés comme matériel documentaire. À la base, Sala Floreasca est une salle de handball qui accueille des entraînements et des compétitions pour les équipes amateurs et juniors. Mais elle a été conçue et utilisée comme un espace pluridisciplinaire, à la fois sportif et culturel. À noter que l’équipe de production comprend aussi des artistes, comme Daniela Pălimariu ou Eduard Constantin. La clé de ce projet est la collaboration, la synchronisation de l’équipe de production avec le travail des artistes et d’autres espaces d’art de Bucarest.
* http://regard.ro/dan-perjovschi/
L’art contemporain et le football ne sont pas forcément de grands amis. Qu’est-ce qui les rassemble ?
Nous ne les voyons pas en opposition. Pour nous, il s’agit d’un fil de recherche que nous avons suivi dans l’histoire de l’art pendant de nombreuses années, et nous avons découvert des passionnés dans les deux domaines. Le foot, et le sport en général, est un sujet commun dans l’art contemporain. L’archive des œuvres que nous avons rassemblées est extrêmement diverse dans les techniques utilisées, les modes d’expression, les époques, etc. La représentation du foot dans l’art moderne commence dès 1913 avec le tableau d’Umberto Boccioni « Dynamisme d’un joueur de football », et celui de Kazimir Malevich en 1915 « Réalisme pictural d’un joueur de football – Masses de couleurs dans la 4ème dimension ». Par ailleurs, de nombreuses initiatives parlent du foot et du sport en général de diverses manières, podcasts, recherches sociologiques, pages de médias sociaux et autres publications. Au niveau local, nous avons notamment collaboré avec des projets de recherche indépendants. Ceci étant, il n’y a pour l’instant aucune initiative sérieuse en direction d’un musée complet dédié au foot.
Propos recueillis par Matei Martin.
Aperçu de l’exposition en images : https://www.gsp.ro/gsp-special/stiri-extrasport/fotbal-realismul-jocului-mixul-perfect-dintre-sport-si-arta-contemporana-634701-galerie-foto-pic-1158717.html?sourcearticle=634702
Sala Floreasca : Aviator Popa Marin, nr 2, Bucarest.