Călin Dan est le directeur du Musée national d’art contemporain (MNAC) de Bucarest, dont il vient de renouveler la collection. Présentation de ces œuvres toutes récentes…
Fin 2020, le MNAC a acheté 167 œuvres d’art pour un montant total de 2 millions de lei – environ 400 000 euros – auxquelles se sont ajoutées treize autres données par leurs auteurs « en signe de solidarité avec la politique du musée ». Comment ce projet est-il né ?
Cette session d’acquisitions a répondu à un besoin de la communauté de la culture visuelle. Cela faisait douze ans que les pouvoirs publics n’avaient plus financé les artistes visuels, directement ou indirectement. Si l’initiative appartient au ministère de la Culture, c’est le MNAC qui l’a lancée, et ce dans le cadre d’une procédure très rigoureuse, en s’interrogeant aussi bien sur la qualité artistique des œuvres que sur leur signification historique. Notre but a été de couvrir une vaste plage de tendances, de styles et de générations, de viser des artistes importants tant pour leur travail que pour le contexte social et historique au sein duquel ils ont créé. Nous avons en outre souhaité acquérir des œuvres appartenant à des artistes de premier rang, mais aussi à des personnalités impliquées dans la vie culturelle. Je pense que la sélection du jury a pleinement répondu à ces exigences.
Que pouvez-vous nous dire sur les œuvres en elles-mêmes ?
Elles sont très diverses, tant par les formules stylistiques utilisées que par les thèmes couverts. Il y a un grand nombre de vidéos et de photographies, cela est certes un signe des temps, mais également des œuvres très intéressantes remontant aux années 1970, créées par des artistes conceptuels, et que nous sommes enchantés d’avoir pu acquérir. Il faut en outre souligner que nous avons cherché un équilibre des genres ; plus de 40% des artistes sont des femmes. Par ailleurs, si chaque œuvre transmet un message propre, on notera l’attention portée à des thèmes sociaux ou à des groupes plus ou moins marginaux. Il y a un discours empreint d’engagement social très présent, mais est-ce là une caractéristique qui définit la culture visuelle roumaine ? Je n’en suis pas convaincu.
Comment le public a-t-il accueilli cette nouvelle collection ? Et plus généralement, constatez-vous un intérêt croissant pour l’art contemporain ?
L’intérêt du public s’est fortement accru depuis 2014, c’est d’ailleurs l’année où je suis devenu directeur. Le nombre de visiteurs a quasiment doublé, avant que la fréquentation ne descende à 30% durant la pandémie, ce qui correspond à ce qui s’est passé dans d’autres musées de Roumanie et ailleurs. Le MNAC a un public fidèle et je suis convaincu que nous reviendrons aux chiffres d’avant la crise sanitaire. L’exposition permanente est partiellement renouvelée tous les six mois, une partie de ces nouvelles œuvres y trouveront leur place. Un étage leur a été consacré dans le cadre de la saison débutée en décembre et qui s’achèvera fin mars. Elle a déjà attiré un public nombreux, l’intérêt a été à la hauteur de l’offre.
Propos recueillis par Mihaela Rodina.