L’école est à une centaine de mètres d’un grand boulevard du centre de Bucarest, cachée derrière une barre d’immeuble. Un peu d’espace vert l’entoure, la préserve. Accueilli par une jeune professeur, je rentre dans la salle de classe, les élèves sont encore dans la cour de récréation. Du tableau noir aux cartes géographiques tapissant les murs, rien ne différencie l’endroit de ce que j’ai connu, un peu plus jeune. L’enseignante ne pourrait être plus aimable, on me propose du café, des biscuits, du chocolat. Les cris dans le couloir se font plus intenses, les adolescents arrivent. Très vite, ils s’assoient, le chahut fait place au silence, la jeune professeur me présente. Ils me regardent, étonnés de cet étranger venu leur parler de journalisme. Attentifs, impassibles. Je commence ma petite présentation en soignant chaque mot, en variant les sujets, j’essaie aussi de les faire rire un peu. Plus tard, les questions fuseront, courtes, directes, sans introduction pompeuse. Je sens les personnalités, l’introverti, la joyeuse, le joueur, la sérieuse. Les journaux et revues Regard circulent dans la salle, un élève fronce les sourcils en lisant l’un de mes derniers éditoriaux sur cet homme de Pângărați qui ne fait rien d’autre que d’observer la nature. Il est temps de partir, je leur dis au revoir. Le lendemain, la jeune professeur m’écrira pour m’inviter à revenir. Je le ferai certainement, touché par ces regards, ces voix douces, ces questions qui sont de vraies questions. Et ces grands sourires qui voulaient dire merci.
Laurent Couderc (décembre 2016).