Entretien réalisé le mercredi 18 janvier dans l’après-midi, en anglais et par téléphone.
Wednesday, l’un des plus grands succès du moment de la plate-forme de streaming Netflix, a été tourné en Roumanie. Rencontre avec Alma Bacula, en charge de la section film à Icon Stillking Romania, la société de production qui a aidé à trouver des lieux et des acteurs pour la fameuse série…
Comment vous êtes-vous impliquée dans le tournage de Wednesday ?
Quand une production nous contacte, on collabore du premier mail jusqu’à ce qu’elle quitte le pays. Nous sommes une petite équipe, nous travaillons avec divers indépendants et sociétés. Par exemple, pour trouver des acteurs locaux, on a fait appel à Standard Casting. C’est par eux que le magicien qui joue la Chose, la main vivante, célèbre membre de la Famille Addams, a été recruté. Beaucoup d’équipes roumaines se sont impliquées dans cette série, que ce soit pour les costumes, les décors, ou la recherche de lieux de tournage.
À ce propos, comment procédez-vous pour trouver les meilleurs endroits ?
Que ce soit pour Wednesday ou d’autres productions, notre équipe en charge du repérage est sans cesse en contact avec les créateurs de la série, le réalisateur – Tim Burton pour Wednesday, ndlr – et les chefs décorateurs. Elle doit suivre le scénario au pied de la lettre et proposer des lieux de tournage en accord avec l’histoire. Dans le cas de Wednesday, on a eu besoin de treize lieux en extérieur ; il y a eu aussi plusieurs tournages en studio. Bien sûr, il est nécessaire au préalable de négocier avec les propriétaires pour obtenir les autorisations de filmer. Par exemple, pour le château qui abrite la « Nevermore Academy », deux options s’offraient à nous : le manoir de Cantacuzino à Bușteni, ou le château de Peleș à Sinaïa. C’est le premier qui a été choisi par le réalisateur ; il a considéré qu’il était plus adapté à sa vision et à ce qu’il souhaitait faire.
La Roumanie reste-t-elle attractive pour les productions étrangères ?
L’industrie du cinéma y est connue pour sa rigueur et sa ténacité, sans oublier que les équipes de tournage parlent anglais et d’autres langues. Cela a permis de réaliser des films internationaux à gros budget, comme le film Cold Mountain en 2003 qui fut le plus gros succès tourné en Roumanie, avec Wednesday. Les studios Buftea, à côté de Bucarest, font aussi partie des plus grands studios d’Europe de l’est, et proposent des prix compétitifs. Ensuite, le pays offre une large palette de paysages variés, il y a des montagnes, des steppes ou la mer, ainsi que des saisons très marquées. Dans un tel contexte, lorsque l’on reçoit un script, il est plus simple d’imaginer les scènes. Ce qui pourrait augmenter l’attractivité serait une réduction des coûts de production*, cela a déjà été mis en place il y a quelques années. Mais ça s’est arrêté en 2020. Ce type de mesure est une vraie opportunité pour l’industrie du cinéma, mais aussi pour le pays, car cela attire les touristes. On le voit avec Wednesday. Désormais, des touristes du monde entier veulent visiter les lieux du tournage. Nous travaillons actuellement avec les autorités pour remettre en place cette réductions des coûts… Ce serait un bon argument pour que la production américaine décide de tourner la saison 2 de Wednesday en Roumanie.
Propos recueillis par Marine Leduc.
* Afin d’attirer les productions internationales, le pays a introduit en 2018 un programme d’aide en faveur de l’industrie cinématographique. Une partie des coûts de production (35%) pouvait être remboursée. Il y avait également la possibilité d’aller jusqu’à 45% de réduction si le film aidait à promouvoir une zone géographique ou une ville roumaine.